Aérienne et désopilante, la nouvelle comédie de Sébastien Azzopardi, Ma version de l’histoire,
met à nu le couple, confronté à ses non-dits. Une pièce qui devrait parler au plus grand nombre.
Paris, rue des Mathurins, 21 heures. La foule se presse devant le théâtre Michel et le théâtre des Mathurins, qui affichent – fait rare – tous deux une pièce du même auteur : Sébastien Azzopardi. Si son adaptation française du Dernier coup de ciseaux connaît un succès renouvelé depuis plusieurs années, c’est avec sa nouvelle création, Ma version de l’histoire, que Sébastien Azzopardi revient au théâtre Michel, sous la triple casquette d’auteur, metteur en scène et comédien.
Et il semblerait que celui-ci ait dégoté la recette implacable pour conquérir de nouveau le public, toutes tranches d’âges confondues. Comment ? En racontant tout haut ce que nombre de couples ont possiblement vécu, en toute intimité.
UN COUPLE PARMI TANT D’AUTRES
En quête de vérité, Valentine et Sam décident de consulter un thérapeute. Leur sujet de discorde ? La nouvelle prof’ de guitare de Sam, Jo, également petite amie de leur fils. Une demoiselle aux atouts certains, sur laquelle Sam aurait éhontement lorgné. Voici la version de Valentine. Car pour Sam, cela ne s’est pas du tout déroulé ainsi. Voilà le point d’ancrage – point émergé de l’iceberg – choisi par Sébastien Azzopardi pour rembobiner leur histoire et éclairer leurs trajectoires.
De flash-backs en souvenirs, Valentine et Sam se remémorent certains moments clés de leur vie, exposant l’un après l’autre leur vision des faits, divergente à bien des égards. Se dévoilent alors leurs incompréhensions, non-dits, reproches, mensonges et silences subis.
Mais alors, comment trouver un langage commun pour mieux cheminer ? Qu’accepter de l’autre sans s’oublier soi-même ? Que concéder par amour ? Voilà quelques questions auxquelles le spectateur semble invité à réfléchir sous couvert de cette comédie bien léchée … au reste, ne prendrait-elle pas des airs de psychothérapie inversée ?
« La mise en scène de la pièce emprunte aux codes de la série Télévisée. »
RIRE ET DÉTENTE, COMME À LA MAISON
Si l’accessibilité de la pièce tient non seulement à son thème, le texte tout comme la mise en scène de Sébastien Azzopardi y contribuent aussi grandement. Son écriture, familière et spontanée, trouve une réelle crédibilité en Miren Pradier (Valentine), Sébastien Azzopardi (Sam), Déborah Leclercq et Alexandre Nicot, switchant d’un second rôle à un autre. Une complicité qui fait la part belle à la comédie, mise à l’honneur tant dans les paroles que dans le jeu des acteurs.
Et si Sébastien Azzopardi pousse le curseur jusqu’à cliché-iser certains rôles, renforçant par la même les perceptions contraires de ses personnages principaux, le public semble conquis. Après tout, qui n’a jamais raconté sa version des faits avec un brin d’emphase et de malhonnêteté ? Les rires fusent, comme un aveu à demi esquissé.
Astuce judicieuse pour finir d’emporter le public à ses côtés, Sébastien Azzopardi opte pour une mise en scène épurée, empruntant aux codes des séries télévisées. L’exposition de la pièce semble pensée pour transporter le spectateur droit dans son canapé, comme prêt à profiter de son feuilleton préféré. Le fond de scène, neutre, accueille des projections visuelles de qualité, faisant basculer l’espace théâtral d’un intérieur de maison coquet à un jardin printanier. Un procédé classique mais qui demeure d’une plaisante efficacité.
Adepte des pièces feel-good non dénuées d’un propos d’intérêt, Sébastien Azzopardi offre avec Ma version de l’histoire une comédie douce-amère, parfaite pour décompresser en fin de journée, tout en laissant les couples réfléchir à leur sens de l’harmonie amoureuse.
Amandine Violé
La Perle
En partenariat avec le Théâtre Michel
« Ma version de l’histoire » de Sébastien Azzopardi
Du 10 janvier au 06 juillet 2024
Théâtre Michel
38 rue des Mathurins 75008 Paris
www.theatre-michel.fr
Instagram : @theatremichel