L’expérience immersive En Amour, actuellement à la Philharmonie de Paris, promet de « chambouler les sens » tout comme une « nouvelle façon d’être ensemble ». Le résultat ne tient pas tout à fait ses promesses.
En Amour loin du coup de coeur. À la Philharmonie de Paris, la nouvelle expérience artistique d’Adrien Mondot et Claire Bardainne disperse ses sentiments.
Celle qui se présente comme « à l’intersection du spectacle vivant, de la performance et de l’installation d’art visuel” prétend transmettre au spectateur une réflexion sensible et interactive sur l’amour. Une tâche ambitieuse, et peut-être trop généraliste. Si la musique transporte, on peine à saisir le propos.
L’oeuvre se présente comme un décor interactif, à 360 degrés sur les murs et le sol d’une salle fermée : avec nos mains et nos pieds, il est possible de jouer avec les formes dessinées par les projecteurs. Une voix féminine se fait entendre, celle de la chanteuse November Ultra, le tout sur un fond musical pop-électro signé par le compositeur français Laurent Bardainne.
LA FAUTE À LA « SOBRIÉTÉ TECHNOLOGIQUE » ?
Adrien Mondot et Claire Bardainne, les créateurs de cette expérience, affirment avoir pensé leur installation dans une démarche de sobriété technologique, c’est-à-dire un usage mesuré, réduit et sur mesure de dispositifs pensés par les artistes eux-même. La démarche peine pourtant à ressortir. Ou est-ce la raison pour laquelle En Amour manque de saveur ?
L’expérience alterne entre une animation par vagues, et un décor plus abstrait, qui lui, évolue en symphonie avec l’ambiance musicale. Une synesthésie plaisante, immersive, mais de courte durée : l’interaction avec le décor ne suffit pas à satisfaire 40 minutes de spectacle. Une promesse déçue “d’instants vivants” où l’émoi amoureux ressort timidement.
OÙ EST L’AMOUR ? DANS LA SÉPARATION
Si vous veniez seul dans un élan d’interaction humaine, l’expérience pourrait bien vous renvoyer à votre solitude. Les visiteurs contemplent, chacun de leur côté. La narration n’y fera rien, puisqu’elle conte l’histoire…d’une séparation. En 2023, un mariage sur deux finissait en divorce. Excité à l’idée de prendre part à une célébration de l’amour, on entre ici dans les méandres mélancoliques d’une voix féminine.
Les créateurs n’en sont pourtant pas à leur coup d’essai, puisque le collectif propose ce type d’installations depuis 2011. À ceux qui connaissent son travail, la surprise de la première expérience est vite remplacée par la redite du format.
Fallait-il alors penser En Amour davantage comme une ode à l’amour fraternel, collectif ? Adrien Mondot et Claire Bardainne proposaient de “renouer avec une capacité à rêver”. Une vision louable de l’amour comme « une nécessité politique. » On emporte ici, à regret, moins d’amour et de chaleur humaine, qu’un platonique assemblage technologique.
L.P.
La Perle
« En Amour » par la compagnie Adrien M & Claire B
Du 09 février au 26 août 2024
Philharmonie de Paris
221 avenue Jean Jaurès 75019 Paris
philharmoniedeparis.fr
Instagram : @philharmoniedeparis