Un concert de musique classique. Pas vraiment la première idée de cadeau auquel nous pensons, pour les fêtes de fin d’année. « Barbant », « cher » ou « ringard », les clichés ont la vie dure. Et pourtant, la musique classique, riche de siècles d’évolution et de sonorités diverses, nous emporte partout. Avec deux concerts sélectionnés par La Perle à la Philharmonie, l’Orchestre de Paris, composé de 119 musiciens, entraîne l’auditoire en Finlande et dans le monde germanique. De 10 à 52 € la place, l’Orchestre de Paris est accessible à tous les budgets.
LES 25 ET 26 JANVIER 2023 : UN HYMNE À LA LIBERTÉ AUX ACCENTS FINLANDAIS
« La vaste et fertile Finlande domine ce programme, avec la création exceptionnelle du Concerto pour orgue de Salonen et la plus exaltante des Symphonies de Sibelius, tandis que Stravinski, amoureux de la précision sonore, célèbre le timbre des vents.» C’est en ces termes que l’Orchestre de Paris présente les concerts des 25 et 26 janvier prochains. Tour d’horizon des différentes pièces dirigées par Esa-Pekka Salonen, chef d’orchestre finlandais.
Avec une pièce intitulée « Symphonies d’instruments à vents », le russe Igor Stravinsky rend hommage au compositeur français, Claude Debussy (1862-1918) et emmène le public là où ce dernier a commencé son œuvre : dans le Finistère. À l’heure où pointe le jour, les appels des cuivres et bois lancent l’activité d’un marché. Ici, les cuivres illustrent une voix d’un vendeur à l’étalage, là les flûtes à l’unisson deviennent des enfants qui slaloment entre les stands. Le basson, par ses croches joyeuses et rapides, évoque l’arrivée d’un homme âgé, clopinant de gauche à droite à l’aide de sa canne. L’église sonne par le chorale des cuivres, pour célébrer, qui sait, un mariage ? La pièce se finit, andante – entrainant – avec les bois qui se joignent à la procession.
L’orchestre poursuit avec la création du « Concerto pour orgue », d’Esa-Pekka Salonen, compositeur finlandais et chef d’orchestre. Une « création », car c’est la première fois que le Concerto est joué face à un auditoire. Difficile de savoir quelle sera l’ambiance donc, la surprise est le maître-mot de ce morceau. Mais l’orgue, instrument connu pour l’amplitude de sa tessiture ne laissera pas les mélomanes indifférents.
« La Symphonie n°2 » de Jean Sibelius clôture le concert. Créée en 1902, elle correspond à un moment important de la vie du compositeur finlandais : son voyage en Italie après la mort de sa fille. À Helsinki, la pièce est un véritable succès et reste encore aujourd’hui, la plus célèbre de ses œuvres. Composée à l’aube de l’indépendance de la Finlande, qui lutte, à cette époque, contre l’oppression russe, cette symphonie est un véritable symbole de liberté pour les Finlandais. Aux accents romantiques, l’émotion y a toute sa place et saura ravir tout musicien avec ses quatres mouvements. Le premier allegretto, vif et gai, laisse la place à un deuxième calme entraînant. Plus lent, le troisième mouvement propose de grandes envolées lyriques par les cordes et des instruments à vent puissants. Enfin le quatrième mouvement allegro lumineux laisse entrevoir une note d’espoir… Vers l’indépendance peut-être ?
“LE CONCERT REVIENT SUR TROIS SIÈCLES DU MONDE GERMANIQUE SOUS LA DIRECTION DE LA CHEFFE D’ORCHESTRE, JOANA MALLWITZ.”
Joana Mallwitz – Philharmonie.
LES 8 ET 9 FÉVRIER 2023 : PUISSANCE TRAGIQUE ET VIVE MÉLODIE
« Passionnants contrastes, avec l’un des bijoux du premier Mozart, une symphonie de Kurt Weill tout imprégnée de son infaillible sens de la scène, et “L’Inachevée” : prodige schubertien, et l’une des plus illustres pages de toute la musique ». Le concert de février revient sur trois siècles du monde germanique sous la direction de la cheffe d’orchestre et pianiste, Joana Mallwitz.
Franz Schubert (1797- 1828) ouvre le bal avec la Symphonie n°8 “Inachevée”. Une œuvre musicale connue pour son entrée ténébreuse. D’une tonalité mineure, la pièce reste tragique mais quelques moments de tendresse illuminent le deuxième mouvement. La symphonie, créée en 1822, illustre la période dans laquelle Schubert se trouve : le style du jeune compositeur évolue très vite. Il délaisse les modèles du passé. Dans cette transition, il laisse de nombreuses œuvres inachevées.
Le « Concerto pour piano n°9 “Jeunehomme” » – le nom d’une pianiste qu’il aurait rencontré- témoigne du passage à l’âge adulte de Mozart, alors âgé de 21 ans. Le premier mouvement allegro rappelle l’enfance par sa mélodie piquée et vive. Le second en mode mineur marque le passage à l’adolescence par sa mélancolie. Le troisième mouvement rapide dévoile la prouesse technique du pianiste.
La « Symphonie n°2 » de Kurt Weill est le dernier morceau interprété par l’orchestre. Ce compositeur allemand, plus connu pour ses musiques de scène, l’écrit en 1934, un an après sa fuite de l’Allemagne nazie. La dictature brûle d’ailleurs ses partitions, fruits d’une musique « dégénérée » selon le IIIème Reich. La symphonie de trois mouvements emporte le spectateur dans un film d’action, où les tutti, moments où l’ensemble de l’orchestre joue, emplissent la pièce d’une énergie débordante. Le troisième mouvement allegretto, très rapide, achève le spectacle en bouquet final qui restera dans la tête de l’auditoire… Jusqu’au prochain concert.