Apporter un regard nouveau sur l’œuvre du célèbre artiste Vincent Van Gogh est le défi que relève le musée d’Orsay pour son exposition. Axées sur les derniers instants de la vie de l’artiste à Auvers-sur-Oise, les œuvres témoignent de la productivité et de la curiosité créatives de cette très courte période de deux mois.
Le musée d’Orsay décide avec le concours du musée Van Gogh (Amsterdam, Pays-Bas) de consacrer pour la première fois une exposition aux crépuscules de la vie de l’artiste Vincent Van Gogh. Intitulée « Van Gogh à Auvers-sur-Oise, les derniers mois », l’exposition singulière et novatrice révèle une période prolifique et riche de curiosité, anéantissant l’idée reçue d’une disparition d’un artiste inconnu de ses contemporains.
UNE CRÉATIVITÉ RETROUVÉE
Vincent Van Gogh arrive à Auvers-sur-Oise le 20 mai 1890 après un séjour à l’asile de Saint-Rémy pour différentes crises de folie. Le choix de cette ville tient à la présence du Dr Gachet. Médecin spécialiste de la mélancolie, ami des impressionnistes, collectionneur et peintre amateur, il influence Vincent Van Gogh à se plonger avec acharnement dans le travail.
En l’espace de deux mois, ce n’est pas moins de 74 tableaux et 33 dessins que le peintre produit avec frénésie. Parmi eux, on retrouve le fameux Portrait du Dr Gachet (1890) que Van Gogh représente dans une position mélancolique, pas moins pour rappeler la spécialité du médecin que pour souligner leur similarité nerveuse.
C’est aussi sous l’influence du Dr Gachet que Vincent Van Gogh va expérimenter de nouveau médium tel que la gravure. Pour sa première et unique fois, l’artiste décide de réaliser un Portrait à la pipe du Dr Gachet toujours dans cette position lascive et mélancolique utilisée dans le fameux portrait peint.
Mais l’expérimentation passe aussi par le recours à des formats singuliers : le double carré. Utilisé à treize reprises, ce format allongé permet de donner de la profondeur avec un point de vue resserré sur l’horizontalité des paysages représentés.
Parmi les huit présents au sien de l’exposition du musée d’Orsay, on retrouve le fameux Champs des Corbeaux, thème que l’on retrouve dans La pluie. Ce dernier synthétise magnifiquement l’expérimentation picturale de cette période tout en illustrant les influences japonisantes présentes tout au long de sa carrière artistique.
« Ma vie à moi aussi est attaquée à la racine même. »
écrit van gogh, quelques jours avant son suicide
LA FIN DU MYTHE DE L'ARTISTE INCONNU
Vincent van Gogh se suicide le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise. Le jour même il peint Racines d’arbres. Ce cadrage serré, dû au format double carré, sur des racines dénudées présente à la fois une composition abstraite et pourtant criante de réalisme. Ce paradoxe porte, de toute évidence, une charge symbolique comme l’indique ses mots adressés à son frère Théo, dans une lettre le 10 juillet : « Ma vie à moi aussi est attaquée à la racine même »
À la nouvelle de la mort du peintre, nombreux sont les artistes qui présentent leurs condoléances, déconstruisant le légendaire mythe de l’artiste maudit disparu dans la plus grande indifférence. En effet, quelques temps avant sa disparition, l’artiste avait pris part à plusieurs expositions bien accueillies par la critique et avait même vendu une œuvre en février.
Émile Bernard, peintre post impressionniste, est probablement le plus proche ami de Vincent Van Gogh. Il publie leurs correspondances dès 1893 pour rendre hommage au talent génial de son défunt ami.
Par la suite, l’œuvre de l’artiste continue de perdurer grâce à la veuve de son frère, Johanna, et son neveu, prénommé Vincent en hommage à l’artiste. Ce dernier fonde même en 1973, le musée Van Gogh à Amsterdam. L’exposition se tient au Musée d’Orsay jusqu’au 4 février 2024.
Céline Bonnelye
La Perle
« Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Les derniers mois »
Du 03 octobre 2023 au 04 février 2024
Musée d’Orsay
Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris
www.musee-orsay.fr
Instagram : @museeorsay