Le musée parisien profite des Jeux Olympiques de Paris pour se mettre dans la course avec une
illustration du sport par les artistes du début du XXème siècle.
Le musée Marmottan Monet met à l’honneur les artistes qui se sont appropriés le thème du sport entre 1870 et 1930. Jusqu’au 1er septembre, l’exposition « En Jeu ! » présente une collection riche de plus d’une centaine d’œuvres, comprenant peintures, sculptures et affiches, centrées sur l’art de la pratique sportive. D’un simple loisir, au fil du temps, l’intérêt pour le sport mène à la professionnalisation des athlètes que nous connaissons aujourd’hui.
Peut-on dire que le sport a changé l’Histoire? Longtemps en France, le sport est associé à la noblesse et la bourgeoisie. C’est à partir de la seconde moitié du XIXème siècle que les classes plus populaires peuvent bénéficier d’un peu de temps libre. L’intérêt pour les activités de loisir augmente alors, jusqu’à faire du sport un passe-temps habituel pour le plus grand nombre. Dans ce contexte, les artistes s’inspirent du corps en mouvement et font du sport un sujet à part entière de leurs œuvres.
AVEC LA CULTURE SPORTIVE ÉMERGE L'ATHLÈTE,
UNE FIGURE ADMIRÉE ET RESPECTÉE.
LE SPORT COMME LOISIR
Le sport comme loisir prend diverses formes. Parmi elles, le ski émerge comme passion hivernale incontournable. L’œuvre de Frits Thaulow (1847-1906) Hiver en Norvège (1886) capte un hiver nordique typique. Les traces de skis dans la neige évoquent l’activité humaine en interaction avec le paysage naturel.
Le ski de tourisme transforme les voyages en une quête d’aventures et de découvertes. L’exposition met en avant une affiche publicitaire de Jules Abel Faivre (1867-1945) pour les sports d’hiver. Sports d’hiver, Chamonix (Mont-Blanc) (1905) annonce fièrement les trajets en train pour rejoindre cette idylle.
Le tennis s’impose comme un autre sport en vogue durant la seconde moitié du XIXème siècle. La Partie de tennis (1925) d’Octave Guillonnet (1872-1967) se présente comme un véritable triomphe de couleurs. Les teintes vives et les arbres jaunes dissimulent le terrain.
Les longues branches et les feuilles cadrent la chorégraphie et la délicatesse du jeu. C’est un plaisir de découvrir une partie de double mixte, un sujet inédit en peinture. Par ailleurs, le tennis est alors l’un des rares sports que les femmes parviennent à s’approprier.
SPORT EN SCÈNE
Avec le goût grandissant pour le sport, les stades se remplissent et les clubs se multiplient. Être spectateur devient aussi un loisir. Parmi les sports qui captivent le public, les courses de vélo séduisent les spectateurs. L’artiste cubiste Jean Dominique Antony Metzinger (1883-1956) transforme l’arrivée de la course Paris-Roubaix en chef-d’œuvre. Au vélodrome (1912) est une recomposition cubiste. Le peintre déconstruit la sensation du cycliste et son effort physique, ainsi que l’émotion du public qui assiste à l’arrivée.
L’exposition présente de nombreuses peintures de foules en extérieur. Un tableau en particulier résonne avec les temps d’aujourd’hui. Dans Match annuel entre la Société Nautique de la Marne et le Rowing Club (1883) de Ferdinand Gueldry (1858-1945), une masse se rassemble sur un pont pour observer l’arrivée des équipes. Il est tout à fait imaginable qu’une telle scène se reproduise à l’occasion des Jeux olympiques à l’été 2024. Plus d’un siècle après le tableau, des foules seront sur les ponts et les rives, à attendre et à soutenir les athlètes.
DES SPORTIFS AUX ATHLÈTES
Au cours de la période couverte par l’exposition, le sport est passé de loisir à une activité à part entière, prise de plus en plus au sérieux. L’athlète professionnel émerge grâce à la montée en puissance de compétitions organisées et de ligues professionnelles.
Cela entraîne une culture sportive, faisant des athlètes des figures admirées et respectées. L’exposition propose une collection de médailles d’époque, ainsi que des sculptures et images dédiées à la prouesse physique des champions.
Cependant, ce succès n’est pas exempt de revers. Le peintre mexicain Angel Zárraga (1886–1946) s’inspire du style de Cézanne pour réaliser Le Jeune footballeur (1927). Il s’agit d’un portrait présumé de Fausto de Santos (1905-1939), un célèbre footballeur brésilien de l’époque. Le jeune homme a subi un racisme poussé qui a mis fin à sa carrière en Europe. Le portrait le montre pensif et doux, de quoi repousser les préjugés des années 1920.
L’exposition met en lumière l’évolution du sport en tant que sujet artistique, ainsi que son rôle en tant que reflet de la modernité. Des peintures vibrantes aux sculptures dynamiques, le sport capture à la fois l’enthousiasme populaire et les défis sociétaux. Le sport se présente comme un vecteur des progrès. Peux-t-on en dire autant aujourd’hui ?
Alexandra Beraldin
La Perle
« En jeu ! Les artistes et le sport (1870-1930) »
Du 04 avril au 1er septembre 2024
Musée Marmottan Monet
2 rue Louis-Boilly 75116 Paris
www.marmottan.fr
Instagram: @museemarmottanmonet