PARIS + : Art Basel s’installe en France !

L’année 2022 annonce un tournant. Alors que la rentrée des foires parisiennes s’ouvrait jusqu’à ce jour par la Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC), cette année, c’est la très célèbre manifestation Art Basel qui donne le top départ.

La Galerie Massimo et Francesca Minini présente de superbes pièces de Sheila Hicks : L’artiste américaine a consacré sa carrière au travail de la fibre textile à travers des sculptures et des tapis-toiles colorées. Crédit photo : Céline Bonnelye.

Pour sa première édition, la foire Paris + s’installe au Grand Palais Éphémère jusqu’au 23 octobre 2022. Organisée par la manifestation d’art Art Basel – déjà culte à Bâle, Miami et Hong Kong – cette édition parisienne entend marquer les esprits et devenir un rendez-vous artistique incontournable tout en reflétant la scène culturelle parisienne. Rassemblant les plus grandes galeries internationales et parisiennes, Paris + illustre qu’en extirpant Londres de l’Union européenne, le Brexit a bouleversé jusqu’à la scène artistique.

(DÉ)MARQUER : LE MAÎTRE MOT

Un rappel historique s’impose : Paris a longtemps été le centre névralgique du monde de l’art. Mais au sortir de la Seconde Guerre mondiale, New York s’impose. En parallèle, l’Angleterre, du fait de sa puissance boursière, orchestre l’économie de l’art attirant de nombreuses galeries. Pourtant, en quittant l’Union européenne en 2020 le Royaume-Uni renonce a ce privilège. Il délaisse l’espace Schengen, lieu de libre circulation entre les Etats membres. Cette plus grande autarcie, a engendré une migration des galeries les plus importantes à Paris. L’innovante manifestation Art Basel a bien compris cette tendance et répond à l’appel d’offre organisé par le Grand Palais. Alors que la FIAC, dirigée par RX France semblait être favorite, c’est le groupe MCH, détenteur d’Art Basel, qui l’a remporté. 

Face à ce coup d’éclat, Art Basel, qui possède déjà des foires aux quatre coins du monde, entend se démarquer par la construction d’une foire qui respecterait l’identité de la scène artistique et culturelle parisienne. Cet objectif est partagé par certaines galeries qui, de manière habituelle, exposent des œuvres en adéquation avec les expositions en cours dans les musées parisiens. Ainsi les galeries Continua et Simon Lee, installées l’une en face de l’autre, exposent des photo-miroirs de Michelangelo Pistolletto. Ce dernier est actuellement à l’honneur au sein de l’exposition « Arte Povera : Renverser le regard » organisé par Le BAL et le Jeu de Paume. D’autres ont fait le choix de plus de subtilité, comme la galerie Alfonso Artiaco, avec une photographie de Véra Luther d’une nature morte, sujet de l’exposition « Les Choses » au musée du Louvre.

“L’ENVIRONNEMENT MIS À L’HONNEUR : DU BLEU AU JAUNE, LES BULLES DE VERRES D’OLAFUR ELIASSON CHANGENT DE COULEUR POUR RAPPELER LE CYCLE JOURNALIER TERRESTRE.“

Crédit photo : Céline Bonnelye.

L’ECO FASHION ART

La foire Art Paris Art Fair, présentée en avril dernier semble aussi avoir laissé des traces. L’enjeu environnemental, thématique alors mise à l’honneur est reprise par Paris + : ainsi, la galerie Neugerriemschneider arbore sur son mur extérieur une œuvre d’Olafur Eliasson, artiste se revendiquant écologiste. Les bulles de verres éparpillées sur le mur changent de couleur en passant d’un bleu profond à une jaune solaire. Cette mise en scène du cycle journalier terrestre, enclenchée par la marche du visiteur, permet, un instant, de contempler un phénomène devenu banal par sa quotidienneté. La galerie Annely Juda Fine Art décide, quant à elle, de présenter des œuvres de Tadashi Kawamata. Connu pour ses nids réalisés avec des matériaux de récupération, l’artiste japonais présente ici des maquettes d’habitats faites de bois et de polystyrène. Pour y inscrire le visiteur, Tadashi Kawamata utilise des figurines humaines indiquant l’échelle du lieu. 

De nombreuses galeries ont aussi fait le choix d’artistes usant de matériaux plus naturels tel le coton. La Galerie Massimo et Francesca Minini présente de superbes pièces de Sheila Hicks, tout comme la galerie Nächst St Stephan Rosemarie Schwarzwälder. L’artiste américaine a consacré sa carrière au travail de la fibre textile à travers des sculptures et des tapis-toiles colorées. Cet intérêt pour la fibre textile se retrouve aussi chez Laura Lima, exposée par la galerie Luisa Strina, avec un travail de la matière et du tissage évocateur de sensations. Dans un style pacthwork, Lara Schnitger, représentée par Anton Kern Gallery, propose des scènes ironiques et colorées. Le tissu est pour l’artiste un outil politique qui attire par sa couleur et dénonce par l’agencement figuratif des chutes textiles. 

Pour sa première édition, Paris + semble donc avoir relevé le défi : proposer un foire illustrant aussi bien la nouvelle attractivité de la ville Lumière qu’un marché de l’art en phase avec son temps, entre enjeux diplomatiques et écologiques

Lara Schnitger, représentée par Anton Kern Gallery, propose des scènes ironiques et colorées. Le tissu est pour l’artiste un outil politique qui attire par sa couleur et dénonce par l’agencement figuratif des chutes textiles. Crédit photo : Céline Bonnelye.

La Perle

Foire Paris + par Art Basel
Du 21 au 23 octobre 2022
Grand Palais Éphémère
2 Place Joffre 75007 Paris