L’Effet Miroir, un pâle reflet de clichés 

Au Théâtre de l’Oeuvre, cette comédie de Léonore Confino confronte un auteur en crise à un règlement de compte familial.
Le résultat est décevant : un jeu démesuré doublé d’un enchainement de poncifs du théâtre comique.

L’intrigue devient un enchevêtrement incessant de rebondissements. Crédits photo : Fabienne Rappeneau

« Toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite » est une mention légale courante dans les œuvres de fiction. Mais qu’arrive-t-il si la ressemblance en question concerne un proche ? C’est ce qui attend le personnage de Théophile de L’Effet Miroir, actuellement au Théâtre de l’Oeuvre. Une pièce de Léonore Confino, mise en scène par Julien Boisselier.

Théophile (François Vincentelli) est un auteur dont le dernier succès remonte à loin. Dans un sursaut d’inspiration, il écrit un conte qu’il partage avec son frère (Éric Laugérias) pour recueillir son avis. De là, son épouse (Caroline Anglade), sa belle-sœur (Jeanne Arènes) et son père mettent les mains sur le texte…et tout part en vrille.

Du moment où les proches de l’écrivain se projettent dans la nouvelle œuvre, un dîner en famille se transforme en règlement de comptes. Les personnages n’échapperont pas aux révélations et aux secrets qui frôlent l’absurde.

UN TROP PLEIN D’INTRIGUES

Un à un, les proches de Théophile se retournent contre lui. Il est abasourdi. Il n’a jamais eu l’intention de transposer la vie de ses proches dans ses personnages. À chaque confrontation, une nouvelle péripétie s’ajoute : jalousie, infidélité, séduction, la prise secrète de pilules contraceptives, et même une adoption. Une véritable avalanche de coups de théâtre !

L’intrigue devient un enchevêtrement incessant de rebondissements. Une accumulation de thèmes finit par donner à l’ensemble un caractère à la fois superficiel et artificiel. Les drames s’accumulent au profit de l’humour. Le cliché de l’artiste en déclin et de la famille dysfonctionnelle demeure figé dans sa forme stéréotypée, sans jamais vraiment parvenir à évoluer.

Crédits photo : Fabienne Rappeneau

« L’interprétation
des acteurs pousse chaque personnage à la caricature. »

GROTESQUE PORTRAIT DE FAMILLE

Les choix de mise en scène et l’interprétation des acteurs poussent chaque personnage à la caricature. Théophile, l’archétype de l’artiste tourmenté, erre en robe de chambre. Son épouse, initialement fière et dévouée, sombre rapidement dans un abîme de reproches et de culpabilité.

Son image parfaite du début se fissure. Elle apparaît sur scène avec du mascara dégoulinant le long de ses joues. Quant à la belle-sœur, elle est austère, obsédée par la mort et adopte un style vestimentaire masculin. Elle manifeste un désintérêt pour l’affection et la maternité face à son mari, tout en cachant ses sentiments amoureux pour son beau-frère.

Le spectacle mise une démesure qui empêche toute réflexion ou introspection. Crédits photo : Fabienne Rappeneau

Ce portrait ironique de famille est intentionnel. Tout comme le jeu d’acteur grossier. L’humour est provoqué par le jeu démesuré des acteurs et les clichés faciles à identifier. Au fil de l’histoire, ces derniers se font persistants et les personnages sont simplement soumis à une situation sans grande élaboration.

Le personnage du frère incarne sans doute le seul élément touchant de la pièce. Lui qui souhaite désespérément fonder une famille. Or, le spectacle mise précisément sur la démesure. Raison pour laquelle les rares moments de réflexion et d’introspection sonnent en décalage.

Tout comme les personnages qui sont confrontés à des révélations de secrets, le public se retrouve submergé par une profusion de clichés. La pièce écope de rires attendus, sans jamais laisser une place à la réflexion ou au message. Pourtant, avec un sujet aussi universel et répandu que la famille, chaque spectateur de l’Effet Miroir aurait bien pu s’y voir. 

Alexandra Beraldin

La Perle

« L’Effet Miroir »
Du 12 octobre 2023 au 13 janvier 2024

Théâtre de l’Œuvre
55 rue de Clichy 75009 Paris

www.theatredeloeuvre.com
Instagram : theatredeloeuvre