À la Cité des sciences et de l’industrie, une exposition envisage le design comme levier de
réutilisation des déchets, à l’heure du gaspillage et de la consommation compulsive
Jusqu’au 1er septembre 2024, à la Cité des Sciences et de l’industrie, à la Villette, se tient l’exposition « Précieux déchets ». Anti-glamour, redondant, culpabilisant, ce thème, pourtant crucial est ici abordé avec tact et habileté. « Précieux déchets », adaptation du titre anglais “Waste Age : What Can Design Do ?” ( “L’Âge du gaspillage : que peut faire le design ?”) positionne le design comme la notion clé de l’exposition.
LE DESIGN : UN CURSEUR DE POSSIBILITÉS
C’est bien connu, on achète, on consomme on jette – dans le meilleur des cas, on recycle. Ce processus faisant partie de notre quotidien. La Cité des Sciences apporte une vision et une perspective plus ambitieuses de ce qu’est un déchet, dans quel cadre il évolue et de quelle manière il est perçu. L’exposition propose une première approche imagée et chiffrée de ce que représente les déchets dans notre société. Une étape essentielle pour la suite du parcours.
Un des points les plus frappants de ce parcours : le travail de Studio Drift, une entreprise de design qui déforme les produits de consommation les plus courants en les transformant en cubes de matière. Il est plus aisé d’avoir une idée de la composition d’un Iphone ou d’un aspirateur Dyson, réduits à une expérience des plus révélatrices : la place de chaque pièce détachée prend alors tout son sens et met en évidence la raison ou la futilité de son utilisation. En observant ces modifications, on prend conscience du côté néfaste ou bénéfique d’un objet.
Des interrogations émergent : pourquoi ce matériau dans ce produit précisément ? Pourquoi en telle quantité ? Pourquoi tant de matériaux différents ? Le produit est recentré sur son usage initial et le rapport à sa conception est remis en question. Les œuvres d’art du studio confrontent notre modèle de consommation : aller au moins cher et au plus esthétique, au détriment du plus utile et du plus responsable. Là encore, on achète, on utilise, on jette.
REMETTRE À NEUF
Remettre en cause la consommation compulsive, c’est mettre à mal le neuf. Dans l’exposition, l’ancien n’est ici pas vu comme sale, obsolète, dangereux ou inutile. Il est, au contraire accueilli et choyé, comme cette réhabilitation d’immeubles à la Cité du Grand Parc à Bordeaux. Les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal ont fait le choix de construire à partir des ruines d’une vieille bâtisse au lieu de la détruire et de la refaire à neuf. La charpente originelle sert de fondation à une construction des plus modernes. L’ancien et le neuf sont ingénieusement imbriqués pour donner forme à une habitation hybride.
La Cité des sciences s’est engagée à recycler tous les produits ayant servi à l'exposition
On découvre une habitation à l’identité et à la temporalité doubles. Les ruines sont préservées, les inscrivant dans le temps sans qu’elles soient modifiées. Même les toiles d’araignées de la vieille charpente restent, faisant partie du décor. On garde, on réutilise, et on incorpore. On change le rapport au vétuste et on résiste à l’envie ou plutôt au réflexe de se débarrasser et de remplacer par du flambant neuf. Notre regard est renouvelé et s’adapte au temps, à l’usure.
L’exposition explore d’autres possibilités déjà plus répandues comme le recyclage, l’upcycling ou l’économie circulaire. Le chemin vers la diminution de production des déchets est présenté comme un défi en constante évolution, où chacun est incité à participer. La Cité des sciences, elle, s’est engagée à recycler tous les produits ayant été nécessaires à la mise en place de l’exposition une fois celle-ci terminée.
Louise Oh
La Perle
« Précieux Déchets »
Du 05 décembre 2023 au 1er septembre 2024
Cité des Sciences et de l’Industrie
30 avenue Corentin Cariou 75019 Paris
www.cite-sciences.fr
Instagram : @citedessciences
