La peinture chinoise à l’encre, une discipline en métamorphose

Une exposition sur la peinture à l’encre chinoise se tient au musée Cernuschi dans le VIIIème arrondissement de Paris. Brève mais complète, l’exposition regroupe des œuvres d’une finesse et d’une sensibilité rare, qui traversent les mœurs du XXème siècle. L’outil et la technique sont les mêmes au fil des époques alors que l’expression artistique se manifeste en un éternel renouvellement.

Entre calligraphies, dessins, nus, abstraits et images communistes, on plonge dans un univers délicat, plein de subtilité, quelle que soit l’époque. Crédit photo : Musée Cernuschi / Fabrice Gaboriau.

DE L’ÉCRITURE AU DESSIN, UNE PRATIQUE EN MOUVEMENT

Au travers des différentes pièces de l’exposition, on découvre l’évolution des techniques de la peinture à l’encre chinoise, tout en traversant son histoire étroitement liée aux bouleversements sociaux de la Chine au XXème siècle. Entre calligraphies, dessins, nus, abstraits et images communistes, on plonge dans un univers délicat, plein de subtilité, quelle que soit l’époque. L’encre agit comme un reflet de la mentalité culturelle du moment.

La calligraphie par la souplesse de ses traits et la rigueur de ses codes, rappelle par exemple la beauté de l’héritage chinois en opposition avec les inégalités creusées par les instances politiques communistes. Le fait qu’il faille être lettré pour pouvoir saisir intégralement chaque œuvre, restreint leur accessibilité. C’est plus tard que les règles s’assouplissent pour laisser place au dessin qui accompagne les caractères mêlant calligraphie et image.

On comprend non seulement que l’encre est une méthode qui s’adapte à son temps, mais aussi qu’elle devient peu à peu mobile sur la durée, se transformant si nécessaire pour rester à la page. C’est suite aux changements de techniques fréquents que l’on assiste indirectement à l’évolution des mentalités au sein d’une niche artistique habituellement fermée et stricte au possible. Ce qui ne signifie en aucun cas une détérioration de la qualité des œuvres produites. Le point de vue change, l’exigence et la patience requises pour réaliser et perpétuer la pratique de l’encre elles, demeurent.

“Au fil du temps les règles s’assouplissent. Elles laissent le dessin accompagner l’écriture et donc la calligraphie.”

Crédits photos : Musée Cernuschi / Fabrice Gaboriau.

L’ENCRE, PERMÉABLE AUX INFLUENCES EXTÉRIEURES

Cette capacité de survie au temps et à ses aléas démontre la puissance de l’encre et son incrustation dans la culture et l’univers artistique chinois. A tel point que même lorsque ses auteurs et autrices – puisque le travail des femmes est tout aussi reconnu et apprécié que celui des hommes – changent de pays temporairement, l’encre n’est pas effacée.

L’influence que les pays étrangers peuvent avoir sur les travaux chinois et son usage de l’encre n’altère aucunement sa présence. Les artistes chinois voyagent, s’installent plusieurs années au Japon ou en Europe et profitent de ces périples et de ces bols d’air en territoire déroutants pour insuffler à l’art chinois un aspect inédit mais fidèle à ses traditions. Ils les actualisent régulièrement.

L’arrivée de la couleur et de la représentation de membres du peuple chinois font partie de ces nouveautés. C’est de cette façon qu’on peut aujourd’hui admirer des tibétains et tibétaines en tenues typiques ou dans un registre autre, scruter les nus inspirés des nus européens. Se rendre à cette exposition c’est être témoin d’un art malléable et multiple et de la richesse, la force et la beauté de l’art spécifique qu’est celui de l’encre chinoise. 

La Perle

Exposition “L’encre en mouvement, une histoire
de la peinture chinoise au XXème siècle”

Du 21 octobre 2022 au 5 mars 2023
Musée Cernuschi
7 avenue Vélasquez 75008 Paris
www.cernuschi.paris.fr
Instagram : @museecernuschi