UNE VENTE HOMMAGE…
Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Mince consolation néanmoins : les traces que celui-ci laisse derrière lui. Des odeurs, des objets, des œuvres d’art parfois. Autant de matières qui, le temps d’un instant, invoquent par le tangible l’âme de l’absent.
Décédé le 31 mai dernier, l’artiste Christo a rejoint le rang des légendes de l’art, dix ans après la mort de son épouse et acolyte de création, Jeanne-Claude. De Paris à New-York – où ils vivaient depuis 1964 – le couple s’est imposé sur la scène contemporaine par leurs œuvres et projets audacieux, et ce, jusqu’à leur mort.
Et d’ailleurs, outre leur fâcheuse et magistrale tendance à emballer monuments et bâtiments du monde entier, Christo et Jeanne-Claude ont notamment su s’inscrire dans l’Histoire de l’art en mêlant leur travail – dessins préparatoires, croquis – à une collection d’œuvres contemporaines tout à fait impressionnante. Chose qui n’a pas échappé à Sotheby’s…
… POUR FINANCER UN PROJET ENCORE PLUS FOU
En effet, le 17 février prochain, la célèbre maison de vente ouvrira le bal d’une vente aux enchères parisienne d’exception : celle de la collection d’œuvres du couple, malicieusement intitulée « Unwrapped, Part 1 : The Hidden World of Christo et Jeanne-Claude ».
29 lots, 29 traces d’amitiés et de liens artistiques à toute épreuve entre 3000 et 1 millions d’euros. Dans leur atelier et appartement de Soho, Christo et Jeanne-Claude ont fait vivre leur collection parmi le bazar créatif et le bazar créatif parmi le tumulte urbain de la Grosse Pomme : les peintures, accrochées aux mur, servaient de parallèles et d’inspirations aux travaux en cours, également placardés. Les meubles et sculptures, exposés près du bureau, sur les tiroirs ou les étagères prenaient littéralement part au décor et aux usages. De l’art à portée de main.
Parmi les achats et cadeaux que possédaient Christo et Jeanne-Claude, deux grandes familles d’œuvres témoignent de l’identité du couple : d’un côté, les Marcel Duchamp, Yves Klein, Ben et autres cocorico rappellent le bouillonnement français – longtemps côtoyé par le couple. De l’autre, les Andy Warhol ou Claes Oldenburg ; eux sont la preuve d’une mutation plus générale que le couple, très au fait de l’art de leur époque, a visiblement vu venir : au début des années 1960, Paris se voit ravir son titre de capitale des arts par la dynamique new-yorkaise. D’une certaine manière, détenir Jackie réalisée par Andy Warhol en 1964 – et actuellement estimée entre 700 000 et 1 millions d’euros – constitue donc une trace en main propre de cette renaissance artistique marquant le début de l’Âge d’or américain.
Si Sotheby’s prévoit également la vente d’œuvres inédites réalisées – et jusqu’alors précieusement gardées – par Christo, elle fait également office d’amuse bouche avant le grand événement d’octobre 2021 : l’emballage monumental de l’Arc de Triomphe. Rêvée par le couple, l’installation sera inaugurée à titre posthume. La maison de vente dispersant les dernières cendres, c’est à Paris maintenant, de diffuser en son sein, le souvenir de deux légendes de l’art contemporain.
