Alors que sa précédente exposition présentait un mouvement contestataire directement rattaché au crypto-art – œuvres numériques liées au système de la blockchain -, l’Avant- Galerie Vossen décide dans un nouveau projet « à l’italienne » de revenir aux origines même de l’accrochage des œuvres. Si les artistes présentés semblent être choisis au hasard, le titre de l’exposition permet de comprendre la démarche des galeristes. L’exposition « À l’italienne » pose l’enjeu de l’exposition : présenter un studiolo pour montrer un panorama de la scène artistique contemporaine.
UN STUDIOLO D’AUJOURD’HUI
L’Avant-Galerie Vossen repense l’idée du studiolo, pièce importante dans les demeures des oligarques italiens à la Renaissance. Cette petite pièce d’étude rassemblait autrefois les pièces les plus précieuses de son propriétaire qui pouvait ainsi montrer à ses visiteurs l’étendue de sa richesse. Véritables cabinets d’étude, ces espaces y accueillaient un accrochage d’œuvres hétéroclites et d’objets en tous genres. Les reliques côtoient les tableaux et les animaux rares. Réunir le savoir dans un espace, une idée qui appartient à l’Histoire de la muséologie, c’est-à-dire la discipline qui étudie les musées,et du marché de l’art. Une idée qui a constitué le concept même de galerie.
L’Avant-Galerie Vossen retourne donc à ses origines pour en faire le sujet de son exposition et rassembler un group show aux artistes d’univers différents. La Vierge de la net artiste, Albertine Meunier, résume à elle seule l’enjeu de l’exposition : incomplète, l’icône est comblée par un écran affichant une NFT. Cette œuvre joue d’ailleurs sur l’évolution des icônes, se rapportant tantôt aux œuvres religieuses de la tradition chrétienne, tantôt au poids des NFT portées en icônes contemporaines, victimes de leur succès depuis la crise sanitaire.
“ALBERTINE MEUNIER JOUE SUR LES ICÔNES : TANTÔT CELLES DE LA TRADITION CHRÉTIENNE, TANTÔT SUR LES NFTs PORTÉES EN ICÔNES CONTEMPORAINES, DEPUIS LA CRISE SANITAIRE.”
Vierge, Albertine Meunier, huile sur bois. Crédit photo : Céline Bonnelye.
HISTOIRE DE L’ART ET CULTURE POPULAIRE
Format cabinet de curiosité, l’Avant-Galerie Vossen nous plonge donc dans un panorama d’œuvres, recréant le microcosme du monde de l’art contemporain. On retrouve des thèmes classiques comme le portrait Avec son Portrait de Pierre Autin-Grenier, Ronan Barrot, représenté par la galerie Claude Bernard, montre sa grande connaissance de l’Histoire de l’art, du portrait aux vanités – ensemble de symboles artistiques évoquant la condition mortelle de l’être humain. Son Portrait de Pierre Autin-Grenier, encadré par la Tapisserie gouvernementale d’Enora Denis, permet de lier les deux œuvres et les différentes manières de traiter le portrait.
Les références plus populaires y ont également leur place. Forte d’une jeune génération d’artistes ayant grandi dans les années 1990, la galerie ouvre son studiolo à des objets et créatures plus familières. Le Pokemon « Magicarpe » est transformé en sculpture de bronze Poisson touillette par Prosper Legault tandis que Fabrice Bertrand dit Labsynth propose une sculpture en lego d’un manoir Crooked Hinge Manor. Intégrer l’enfance à leur œuvre, un regard nostalgique qui ouvre cette nouvelle génération d’artistes au croisement entre Histoire de l’art et culture populaire. De quoi réunir curieux, passionnés et non-initiés.
Crédit photos : Céline Bonnelye.
