Artcurial perce l’intimité de Dora Maar

Le 27 et 28 juin dernier, la maison Artcurial présentait, à Paris, plus de 350 lots de rééditions d’œuvres de l’artiste Dora Maar. Une vente qui retrace la carrière photographique de l’artiste des années 1920 aux années 1940. On y retrouve ainsi des autoportraits et des paysages qui montrent la poésie son œuvre, mais aussi des clichés de Pablo Picasso dont elle fut la muse.

Dora Maar portant une couronne de fleurs – Antibes, août 1939 – Vendu 3 149 €

Artcurial a mis en vente, les 27 et 28 juin dernier, des œuvres rééditées de l’artiste Dora Maar. Une vente qui s’inscrit dans un contexte de redécouverte des artistes femmes du début du XXème siècle, à l’instar de l’exposition « Pionnières » au musée de Luxembourg. Artcurial participe donc à cet élan, mettant en lumière l’œuvre de Dora Maar (1907 – 1997), artiste trop souvent réduite à son simple rôle de muse sous le pinceau de Pablo Picasso. 

ARTISTE D’ABORD, MUSE ENSUITE

Celle que l’on appelle Dora Maar, à partir de 1926, est née Henriette Theodora Markovitch. Fruit de l’union entre un père croate et une mère française, elle grandit à Buenos Aires avant de revenir en France. Cette enfance particulière a eu une grande influence sur son travail qui illustre sa liberté d’esprit et sa grande sensibilité, représentée notamment par Picasso dans sa célèbre Femme qui pleure en 1937. Mais Dora Maar a surtout été une photographe et peintre prolifique, l’une des seules femmes acceptées, à l’époque, dans le cercle très fermé du mouvement des Surréalistes

Ce regard particulier qu’elle pose sur le monde, les lots vendus par Artcurial l’illustrent par un choix de clichés issus de la succession de l’artiste. Une facette plus intime de la vie de Dora Maar est alors dévoilée. Des photos de vacances aux autoportraits en passant par des scènes de rues, la photographe montre son intention de créer une esthétique qui lui est propre. 

“DORA MAAR, ARTISTE TROP SOUVENT RÉDUITE À SON SIMPLE RÔLE DE MUSE SOUS LE PINCEAU DE PABLO PICASSO”

Pablo Picasso dans son fauteuil en rotin – Mougins, été 1936 – Vendu 7 216 €

UNE VENTE POSTHUME TRÈS ATTENDUE

Le succès de l’exposition consacrée à Dora Maar, en 2019, par le Centre Pompidou, peut expliquer la démarche de la maison de vente française de collaborer avec les ayants droits de l’artiste, c’est-à-dire les bénéficiaires et responsables de l’héritage artistiques, à des tirages posthumes du fonds de succession de l’artiste. Chaque lot est composé d’un négatif original tamponné et numéroté, de son épreuve contact d’époque et de son tirage moderne cacheté, réalisé exceptionnellement pour cette vente. Le droit de tirage, exercé ici par les ayants-droits de l’artiste, est très réglementé par la loi ce qui en rend l’application rare.

Bien que la toute première rétrospective Dora Maar n’a eu lieu qu’en 2019, les trois premières ventes de sa succession ont, quant à elles, été réalisées en 1998, un an après sa mort. Cumulées, elles avaient atteint le montant de 213,8 millions de francs – environ 326 millions d’euros – soit quasiment le double des estimations envisagées. Comment interpréter ce résultat ? Probablement à la fascination de sa relation à Picasso dont elle était la muse et compagne. Aujourd’hui, le contexte se veut différent : la vente Dora Maar s’inscrit dans un contexte de redécouverte de son œuvre, de celles des artistes femmes des années 1920, et des artistes femmes en général. D’où l’intérêt grandissant des collectionneurs et des maisons de vente.

La Perle

Artcurial
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