La première règle de la réussite ? Connaître ses atouts : pour Simon Langin, inutile de creuser : son corps fait le job. Comme dans la première version de son spectacle, « Fugue », où son personnage, Gaspard, danse à deux doigts de la convulsion, sous l’éclairage épileptique d’une musique techno. Il bouge, encore et encore, sur des gestes, saccadés. Bref, le comédien connaît son corps. Et pour cause : À 21 ans, ce handballeur semi-professionnel est notamment passé par le cursus sport étude avant de se tourner vers le théâtre, il y a deux ans. « Ça m’a apporté une rigueur de travail, une discipline, un sens du collectif et de la compétition. Je me sens donc très à l’aise avec mon corps. Et quand j’ai commencé à monter sur scène, c’était déjà un pas de fait. » Aujourd’hui étudiant à La Volia, école d’art dramatique, il embrasse la carrière de comédien. Et de metteur en scène. Et de dramaturge.
Comme un prolongement de son personnage, les six autres comédiens de son collectif, « Les Froissés », interprètent les états-d’âme d’un jeune homme tourmenté par un deuil qu’il ne parvient pas à dépasser. Entre comique de l’absurde et douloureuse mélancolie, « Fugue » a le charme des premiers films, des premières pièces : tester des idées, des pistes de jeux, et obtenir, presque involontairement, un résultat harmonieux. D’ailleurs, pour la première fois, la troupe parisienne descend au Festival d’Avignon du 7 au 30 juillet, pour jouer son spectacle à l’Archipel Théâtre.
“ENTRE COMIQUE DE L’ABSURDE ET DOULOUREUSE MÉLANCOLIE, FUGUE A LE CHARME DES PREMIÈRES PIÈCES, DES PREMIÈRES FOIS.”
La troupe des Froissés. Crédit photo : Les Froissés.
SHIMOON : PROMOUVOIR LA CRÉATION SOUS TOUTES SES FORMES
Cette belle surprise, Simon la doit à la sueur de son front. Insatiable, il mène de front deux grands projets : « Les Froissés», d’une part, avec ses amis Antoine Bienfait, Quentin Corbé, Kiara Nidiau, Milla Parienti, Héloïse Tessaro, Soizic Thiebaud ; et Shimoon d’autre part. Nommée après son surnom d’ancien handballeur, cette société de production organise, depuis juin 2021, des évènements artistiques pluridisciplinaires. Parmi eux, l’exposition d’inauguration « Fugue », qui avait permis de croiser l’œuvre d’artistes plasticiens avec la première version de la pièce : « J’ai pioché dans l’œuvre des artistes présentés pour trouver le thème. Et en même temps, c’était aussi un état d’esprit dans lequel j’étais, à l’époque : une forme de fugue où je me laissais porter par ce que je découvrais, au fur et à mesure de ma quête dans le théâtre. »
En février, il récidive avec « The Way Back », une exposition où les artistes tentent, par leur œuvre, de retenir le passé, l’éphémère. Sensible à toutes les formes de création, le comédien cite l’influence de Marc Hourdequin, un galeriste proche de sa famille. Une rencontre décisive : « Je n’ai pas de référence particulière. J’aime simplement contempler la liberté d’expression sous divers médiums. Et c’est Marc qui m’a mis le pied à l’étrier dans ce rapport à l’art. Il m’a d’ailleurs présenté, Thomas Chaulet, aujourd’hui le chef costumier de Shimoon. » Le théâtre, Simon Langin y revient toujours. Il pioche, ici et là, parmi différentes inspirations comme la compagnie du Munstrum Théâtre ou le metteur en scène, Julien Gosselin. Récemment, avec sa troupe, il a animé les entractes d’un concours d’éloquence à la Sorbonne avec « Normalito » de Pauline Sales.
Crédit photos : Les Froissés.
Et puis, il y a ceux sur qui il compte, ses amis et membre des « Froissés» : « Je les apprécie autant que je les admire sur scène. J’avais envie d’échanger avec eux, aussi bien en tant que metteur en scène, qu’en tant que partenaire de jeu. » Un contexte important pour celui qui voit, avant tout, dans le théâtre, une « expérience humaine ». Fort de leurs conseils, Simon Langin propose donc, à l’occasion du Festival D’Avignon, une nouvelle version de Fugue. « Plus complète et plus aboutie », celle-ci devrait sublimer l’interprétation d’une troupe dont le nom de « Froissés», reflète, à la fois le charme de l’imperfection, mais aussi – et ça tombe bien – l’appréhension de ceux qui se lancent : jouez jeunesse !