Du romantisme dans l’art contemporain

Le musée de la vie romantique creuse la forme du cœur pour laisser les artistes contemporains parler de (leur) romantisme. Une visite coup de foudre.

Coeur au repos – Annette Messager – 2009. Crédit photo : Perla Msika.

Dans le prolongement du mouvement #Metoo, la parole des femmes et des hommes sur l’amour et le sexe a gagné en complexité. Au-delà de la sacro-sainte déconstruction des clichés et des genres, la notion de romantisme évolue avec ceux et celles qui le pratiquent. Mais, c’est quoi alors le romantisme en 2020 ?

AU COEUR DE L’ART CONTEMPORAIN

Pour rendre le débat plus ludique, moins électrique, je crois avoir trouvé la solution. Pas plus loin qu’au 16 rue Chaptal, Paris IXème. A l’orée du très intime Musée de la Vie romantique, je retrouve sans grande surprise mon romantisme bien aimé mêlé à un art contemporain tout fait d’humour et d’ironie. Brillant.

Car oui. Du romantisme dans l’art contemporain, il y a en a. Mais aussi précieuse et cachée que l’intimité amoureuse, l’exposition « Coeurs. Du romantisme dans l’art contemporain » ne se fait connaître des visiteurs qu’à l’écart du grand musée, dans un petit pavillon spécialement dédié

Du sous-sol rose bonbon au premier étage bleu ciel, les 30 œuvres autour de la représentation du cœur agissent, comme la couleur des sentiments, en montagnes russes. Certaines sont drôles, d’autres touchantes, tristes aussi parfois. Mais toutes sont belles. Un peu banale la description ? Oui, j’avoue. Mais après tout, il n’est rien de plus simple que le cœur qui vient, en sa forme et en son oeuvre, condenser l’amour que l’on sait compliqué.

« Ah ! Frappe-toi le coeur, c’est là qu’est le génie ». L’écrivain Alfred de Musset savait de quoi il parlait. Nous pouvons le voir. Nous la croyions dure et impitoyable mais l’époque contemporaine se révèle, contre toute attente, propice à la représentation des grandes subtilités de l’amour : coeur ouvert et suspendu pour Luise Unger, coquin pour Mrzyk et Moriceau, délaissé pour Annette Messager, éternel pour Gilles Barbier. En somme, qui que vous soyez, vous trouverez œuvre à votre cœur. 

L’HUMOUR QUI FAIT FONDRE

Mais alors qu’on croit avoir tout vu – le kitsch coloré de Pierre et Gilles, la déclaration lumineuse d’Hsia-Fei Chang – les gardiens de l’exposition nous invitent à passer la porte des collections permanentes. Car dans l’ombre de ses vitraux rouges et dorés, le pavillon principal du musée foisonne de couples iconiques, de lettres enflammées mais aussi d’œuvres contemporaines qui ne font pas tâche mais originalité. Voyez le manteau poil, plume et fuchsia d’Agatha Ruiz de la Prada : il contredit qui souhaite clamer que l’amour, « c’était mieux avant ». Non. L’amour – comme l’art – n’a pas de temps…

… Mais peut-être plus d’humour maintenant : de nos jours, faute de stabilité, de certitudes et d’happilly ever after sacralisé, on loue davantage la beauté du moment passé à deux. Le partage. Les rires. Dansla cabine de son photomaton éphémère, le musée propose donc aux visiteurs de grimacer après avoir contemplé. Opération marketing, oui. Romantisme spontané. aussi. 

Alors désolé Roméo, désolé Juliette et pardon Vérone. Mais aujourd’hui, plutôt que de mourir d’amour, on aime et on se marre. Parfois même on en fait de l’art. Reste aux visiteurs de se jeter à l’eau et de venir se déclarer, seuls ou accompagnés, au Musée de la vie romantique jusqu’au 13 septembre 2020. 

Perla Msika

La Perle

Exposition « Coeurs. Du romantisme dans l’art contemporain »
Du 14 février au 13 septembre 2020
Musée de la Vie Romantique,
16 rue Chaptal 75009 Paris
Commissaire d’exposition : Gaëlle Rio et Maribel Nadal Jové
Réservation recommandée. Billets en vente sur : museevieromantique.paris.fr