Vers la Provence et au-delà, à l’Atelier des Lumières

S’endormir sous le ciel étoilé de Van Gogh, se battre aux côtés des Misérables, devenir l’amant de Juliette… Qui n’a jamais rêvé de vivre dans un film ou de se balader dans des tableaux ? C’est ce à quoi nous invite L’Atelier des Lumières : immersion dans la Provence de Paul Cézanne, et au cœur de l’univers abstrait de Vassily Kandinsky.

La plénitude qu’évoque les peintures de Cézanne s’intensifie à mesures que des corps de femmes s’invitent dans notre paysage. Crédit photo : Nicolas Derrien.

Démocratiser l’art grâce au numérique, en provoquant émotions, sensations et dialogues intérieurs. Telle est la mission de l’Atelier des Lumières : pour sa nouvelle exposition, il nous projette dans un environnement sensoriel et musical presque interactif, aux couleurs des œuvres de Paul Cézanne et de Vassily Kandinsky.

HEUREUX QUI, COMME CÉZANNE…

Nous voilà plongés dans le noir. Attendant que les lumières de l’Atelier recouvrent le sol et les murs de la salle. Et puis la musique s’élance, la salle se tapisse des tableaux de Paul Cézanne, figure majeure du courant impressionniste. La balade commence dans la forêt, au gré de notes de piano, une rivière s’ouvre sous nos pieds. La légende raconte que c’est en partie de ce style à part, que naîtra l’impressionnisme. La plaquette de l’événement aussi. La plénitude qu’évoque ces peintures s’intensifie à mesure que des corps de femmes s’invitent dans notre paysage. Le piano évolue doucement vers un jazz – tantôt Woody Allen, tantôt Django Reinhardt ou Grandbrothers – parsemé de bruits d’oiseaux qui chantent. On se sent presque dans une fête de Gatsby le Magnifique. On a envie de danser en tenant une flûte de champagne et en claquant des doigts. C’est ainsi que nous parcourons toutes les phases de vie, les tourmentes et les joies du peintre. En passant par cette béatitude, mais aussi par ses obsessions angoissantes, à la lumière de ses dizaines d’autoportraits, de coups de pinceaux brutaux, ou ses centaines de natures mortes – qui ne l’ont jamais moins été. Nous voguons, à travers les quatre, – non – les multiples saisons de Cézanne. Ses différents automnes, ses divers printemps et quelques hivers, en terminant par son été, celui de la Provence. Celui du soleil, des verres en terrasse, des tuiles rouges grillant sous le cagnard, et bien sûr, de ses heures à contempler la montagne Sainte-Victoire.

Et ce périple au sein de l’intimité du peintre résonne avec la nôtre, pour venir nous questionner, nous aussi, sur les diverses phases de notre existence. A quel point sont influencées nos perceptions par ce que la vie nous propose ? Pour Cézanne, l’exemple est criant, l’influence est totale. Le style presque violent de ses autoportraits, la sérénité du réalisme des pommes de son atelier, l’effusion de couleurs des paysages de Provence… Le peintre, au gré de ses œuvres, n’a fait que surfer sur les différentes « saisons » qu’il a pu traverser tout au long de sa vie. Peut-être est-ce un exemple à suivre ? Accepter les saisons qui passent, et si possible, connaître plus d’étés à jouer aux cartes, que d’hivers au fond de son canapé. 

Crédit photos : Nicolas Derrien.

2022, L’ODYSSÉE DE KANDINSKY

Un petit temps afin de reposer les pieds sur terre – du moins sur le sol. Oui, nous sommes toujours à l’Atelier des Lumières. On avait presque oublié. Le temps d’infuser quelques minutes, que des points de peintures se mettent à scintiller autour de nous, tels des étoiles dans la nuit. Ou alors des balles de paintball. Moins poétique certes, mais plus représentatif des multiples couleurs foisonnant sous nos yeux. Le tout sur le rythme d’une valse – celle d’Herbert von Karajan. Comme pour annoncer notre entrée dans un autre univers. Cette odyssée se fera en deux temps. D’abord en Russie, au creux des souvenirs de la jeunesse du peintre. On se baigne en plein folklore russe, dans des peintures mélangeant impressionnisme, fauvisme et pointillisme. Pour résumer, des pointillés, des couleurs superposées et les impressions du peintre en question.

Et puis vient l’avènement de l’abstrait. Nous voilà cernés par les teintes et les formes venues d’un autre monde, celui de Kandinsky. Les coloris et les formes jaillissent dans une symphonie de couleurs, et la peinture s’affranchit du réel. Et ce, jusqu’à nous amener dans l’espace. Des formes microscopiques, des bouts d’atomes, des éléments chromatiques, des cercles et des formes rectilignes flottent dans ce nouveau cosmos. 

Ce n’est qu’après une dizaine de minutes, que nous sortons de cet univers. Un peu perdus, mais certains d’avoir voyagé. Passer de la Provence à l’espace, des obsessions de Cézanne aux rêves bariolés de Kandinsky… Si jamais vous vouliez voir un peu de pays, c’est par ici.

Crédit photos : Nicolas Derrien.

La Perle

Exposition “ Cézanne, Lumières de Provence”
Du 18 février 2022 au 2 janvier 2023
Atelier des Lumières
38 Rue Saint-Maur, 75011 Paris
Instagram : @atelierdeslumières