Aurait-on vendu notre âme au buzz ? Allons-nous, à notre tour, céder à la manie très alléchante des classements fourre-tout ? Pas tout à fait. Mais disons qu’avec la réouverture des galeries, des musées – et du nombre incalculable d’expos qui en découlent – force est de constater que le format s’y prêtait plutôt bien.
Le genre to do list, notes Iphone et autre pense-bête (on ne vise personne) très utiles à ceux qui oublient des choses – autant dire beaucoup de monde. Pour accueillir cette seconde rentrée culturelle, La Perle inaugure donc son bloc note hebdomadaire : un avant goût thématique d’expositions parisiennes, histoire de vous mettre au parfum et au défi : au delà de ce top 6 déroulé par votre pouce, gratifié d’un like par votre souris, oserez-vous cocher toutes les étapes de ce marathon artistique ? Comme un goût de liberté, de renouveau et d’été à venir, les expositions de cette semaine célèbrent le déconfinement.
1 – Retour aux sources
Exposition “Les Origines du Monde” au Musée d’Orsay du 19 mai au 18 juillet 2021
Table rase des quarantaines, confinements et quantité de termes qu’on ne prononçait pas il y a encore quelques mois. On efface et on recommence pour retourner aux sources de l’Homme. C’est ce qu’entreprend le Musée d’Orsay avec les « Origines du Monde », une exposition mi art-mi science en quête de sens.
Mais encore ? Au XIXème siècle, alors que la science prend le pas sur la religion, un nombre incalculable de questions existentielles sur la Nature, les espèces vivantes et sur l’Homme s’invitent avec elle. Avec le scientifique Charles Darwin en tête de file, l’origine des premiers humains en tourmente plus d’un et les artistes s’interrogent : comment représenter le premier homme, la première femme, le premier artiste ? L’art se met à la recherche scientifique.
2 – Paris Libéré :
Exposition “Le Paris de Raoul Dufy” au Musée Montmartre jusqu’en septembre 2021
Paris bouillonne. Les va-et-vient des passants, l’architecture vivante et variante, la rumeur de la ville. Manquait plus que la couleur. Pour célébrer cette vérité urbaine – et la fin de l’ère confinée – l’exposition « Le Paris de Raoul Dufy » tombe à pic.
Mais encore ? Raoul vient du Havre. Mais c’est à Paris qu’il deviendra Dufy (1877 – 1953). Ce Paris, pain béni pour sa couleur et son style fourmillant, recèle en son sein tout le graphisme de sa peinture dont les attentes seront comblées par La Fée Électricité (1952) : second tableau le plus grand du monde (600 mètres carré) et présenté au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
Pour aller plus loin : Un autre Paris – celui du peintre Rakajoo – brille en ce moment à la Galerie Danysz à Paris. Plus contemporain, non moins fascinant. Jusqu’au 5 juin 2021
3 – Un peu de scandale :
Exposition « Napoléon » à la Grande Halle de la Villette jusqu’au 19 septembre 2021
Subversive à souhait, la figure de Napoléon Ier fait les gros titres de l’actualité. Icône de l’Histoire de France ou cruel homme de guerre ? Esclavagiste sans scrupules ou figure pragmatique ? Nous nous devions d’en savoir plus.
Mais encore ? À l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier, la Grande Halle de la Villette inaugure une exposition rétrospective sur la vie de l’Empereur. 150 pièces de collection et une mise en scène à couper le souffle pour comprendre et, ou critiquer la légende.
Pour aller plus loin : La double exposition « Napoléon n’est plus » et « Napoléon ? Encore ! » prolonge l’Histoire au crible de la mort de l’Empereur et de la représentation de sa légende par les artistes d’aujourd’hui. Jusqu’au 31 octobre 2021 au musée de l’armée.
4 – À temps pour le bonheur :
Exposition “L’heure bleue de Peder Severin Krøyer” au Musée Marmottan Monet du 28 janvier au 25 juillet 2021
Nul besoin de tumulte et de drames pour entrer dans l’Histoire de l’art. A l’aide de sa fascinante lumière, Peder Severin Krøyer (1851 – 1899) dépeint une douceur de vivre à vous donner l’envie de plonger dans ses tableaux. Mais entre bain de midi et bain de minuit, c’est à l’heure bleue – lumière crépusculaire typique de la Mer du Nord – qu’il rend tout particulièrement hommage.
Mais encore ? Artiste danois, Krøyer pioche dans la tradition comme dans la percée moderne. S’il se plaît à faire poser ses modèles et à répondre à des commandes, il peint volontiers en plein air les paysages et les scènes du quotidien. Sa lumière – toujours chaude même quand il s’agit de scènes hivernales – se mêle à d’étonnants points de vue largement inspirés du monde émergent de la photographie. Contrairement à ce que soutenait William Shakespeare, il y a quelque chose de doux au Royaume du Danemark.
5 – Baptême de l’art
Exposition immersive “Dalí, l’énigme sans fin” à l’Atelier des Lumières du 19 mai au 2 janvier 2021
Petit pas, premier pas, l’exposition immersive « Dalí, l’énigme sans fin » offre à tous ceux qui n’ont pas encore accroché à l’Histoire de l’art, un spectacle de peintures croisées où la musique de Pink Floyd habille l’art et implique le spectateur. Plein les yeux
Mais encore ? Pour ce nouveau spectacle immersif, l’Atelier des Lumières s’attaque à Salvador Dalí (1904 – 1989). En 60 années de travail, le peintre espagnol a court-circuité l’image trop mystérieuse de l’artiste pour y ajouter beaucoup d’humour. Si l’artiste ne reste pas moins énigmatique, l’exposition permet de mieux appréhender son génie et le mouvement surréaliste auquel il appartient : quand l’étrange rencontre la gêne, les pulsions et le surnaturel, c’est le visiteur qui en prend plein les yeux
Pour aller plus loin : En spectacle parallèle, c’est l’œuvre de l’architecte Antonio Gaudi qui dialogue avec celle de Dalí. Un tour express et immersif par Barcelone à la rencontre de ses édifices haut en couleurs.
6 – Le cercle du collectionneur
Inauguration de la Bourse de Commerce – Collection Pinault ( le 22 mai ) avec l’exposition « Ouverture » jusqu’au 31 décembre 2021
Avec l’inauguration de la Bourse de Commerce, l’homme d’affaires et collectionneur François Pinault vous accueille au sein de son propre musée d’art contemporain. Un œuvre dans l’œuvre, ce bijou d’architecture recevra désormais quelques pièces de sa collection privée… à la vue de tous.
Mais encore ? Dans ce bâtiment circulaire où la flânerie est de mise, vous apprendrez à aimer ou du moins à connaître l’art contemporain. Mêlé à la touche contemporaine de l’architecte japonais Tadao Ando et de l’agence française NeM, cet édifice historique devient désormais le pied à terre parisien d’un des plus grands collectionneurs français. Une rotonde, trois étages – dont un pour le restaurant – et autant de lieux pour ouvrir son esprit à la pluralité créative de nos jours.