Le saviez-vous ? Au XVIIème siècle, le château de Vaux-le-Vicomte, imaginé et habité par le surintendant des finances, Nicolas Fouquet (1615-1680) a été le lieu d’un complot contre son propriétaire. À sa tête le roi de France, Louis XIV et son fidèle Jean-Baptiste Colbert. Le décor est planté pour cette visite inédite proposée, jusqu’au 1er octobre 2022 par le château : le développement d’une technologie auditive permet d’entrer au cœur de cette intrigue. L’innovation se mêle à la luminosité si particulière des chandelles.
BIENVENUE AU TEMPS DE LOUIS XIV
Le 17 août 1661 : Nicolas Fouquet décide de présenter à la cour du roi Soleil sa toute nouvelle demeure. Le surintendant des finances, qui est alors une des plus grosses fortunes d’Europe, entend bien montrer le faste et éblouir ses invités. C’est dans ce contexte, que le visiteur entre dans le château de Vaux-le-Vicomte. Dirigé par un audioguide où la voix de différents personnages de l’époque résonne, le visiteur est plongé dans l’organisation millimétrée de la fête du siècle aux conséquences désastreuses pour son organisateur. Si l’usage du vieux français n’est pas de mise, l’ambiance tamisée créée par la lumière des bougies permet de découvrir le décor de cette soirée historique. Il est important de souligner que la perception des couleurs des différentes tentures ou toiles présentes dans le château, diffère totalement entre l’éclairage électrique et celui des chandelles du XVIIème siècle. Cette plongée visuelle permet de se rapprocher encore davantage des contemporains de l’époque, et notamment des artistes sollicités par Fouquet. Ainsi, le visiteur est amené à entendre des extraits de la pièce du dramaturge Molière jouée pour l’occasion ou encore la lettre du poète Jean de La Fontaine adressée au roi dans le but de faire libérer Fouquet.
En effet, les fastes délivrés lors du 17 août 1661 ont engendré une jalousie certaine du roi et de Colbert. Il en résulte l’emprisonnement du surintendant des finances accusé de péculat (détournement de fonds publics) et de lèse-majesté (atteinte à la personne du roi). Si en premier lieu, Fouquet est condamné au bannissement, Louis XIV décide d’user de son véto royal afin de commuer la peine en emprisonnement à vie. Fouquet se voit donc enfermé dans la forteresse de Pignerol (Piémont, Italie).
“DIRIGÉ PAR UN AUDIOGUIDE, LE VISITEUR EST PLONGÉ DANS LA FÊTE DU 17 AOÛT 1661… DÉSASTREUSE POUR SON ORGANISATEUR, NICOLAS FOUQUET.“
Cabinet du Château de Vaux-le-Vicomte. Crédit photo : Céline Bonnelye.
LA TECHNOLOGIE S’INSTALLE AU CHÂTEAU
Pour son château, Fouquet désire rassembler les plus grands artistes et ingénieurs de son temps dans le but de créer une nouvelle esthétique basée sur l’harmonie et la symétrie. Pour réaliser ce projet, il décide d’avoir recours aux talents d’architecte de Louis Le Vau, d’artiste de Charles Le Brun et de jardinier d’André Le Nôtre. Tous ces artistes, travaillent par la suite à l’édification du château de Versailles sur demande de Louis XIV. Le château de Vaux-le-Vicomte représente ainsi les prémices d’une toute nouvelle esthétique où « se rencontrent l’art et l’histoire », selon les termes mêmes de Fouquet.
Ce sens de l’innovation perdure de nos jours avec le recours, pour la première fois dans un château français, à la technologie de l’immersion auditive. Le visiteur est guidé par les voix de personnages contemporains à la construction du château. Équipé d’un casque, le visiteur déambule à travers les différentes pièces dotées de capteurs permettant une immersion au XVIIème siècle. À cette technologie, s’ajoute celle de la projection du plafond de 380 mètres carré réalisée par Le Brun pour le Palais du Soleil. Cette pièce, de 18 mètres de long et 18 mètres de hauteur, n’a jamais pu voir son plafond orné de cette œuvre du fait de l’arrestation de Fouquet. Le château envisage d’ailleurs de réaliser une version plus pédagogique en scénarisant les scènes de ce plafond. Le visiteur assis dans un transat pourrait alors admirer les aspirations artistiques de Le Brun mais aussi comprendre le programme complexe de la fresque. Cette vidéo d’une trentaine de minutes devrait voir le jour en avril 2023.