Musées et fondations, les 5 expositions de rentrée

Ce premier bloc-note entre par la grande porte. Celle des musées et fondations qui, se refaisant une beauté, jonglent entre art contemporain, photographie, peinture, performance et dialogue artistique. Des grands classiques aux nouveaux talents, la sélection est précieuse mais la liste non exhaustive. A vos calepins.

CHICAGO, SANS DATE ©Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY.

1 – Passion Commune
Exposition “La Collection Morozov. Icônes de l’art moderne” à la Fondation Louis Vuitton du 22 septembre 2021 au 22 février 2022 

Membres d’une famille de notables russes, les frères Morozov se complètent : Mikhaïl (1870-1903 ) est un littéraire passionné d’art français et occidental et Ivan (1871-1921) un industriel fou d’art russe. Ensemble, ils récoltent une collection fascinante d’art moderne que la Fondation Louis Vuitton présente dans le cadre de son cycle « Icônes de l’art moderne », en partenariat avec plusieurs grandes institutions russes.

Mais encore ? Après avoir en 2017, présenté la collection Chtchoukine – autre collectionneur russe d’envergure – la Fondation Louis Vuitton récidive : avec celles des frères Morozov, elle présente plus de 200 peintures dont celles Claude Monet, Paul Gauguin ou Vincent Van Gogh mais aussi de grandes figures de l’art russe encore peu connues du grand public français comme Valentin Serov. Spectateurs d’une puissante effervescence artistique, ils ont saisi en temps et en heures les mutations artistiques qui, de Manet à Matisse, ont fait l’art moderne.

PORTRAIT DU COLLECTIONNEUR IVAN ABRAMOVITCH MOROZOV Valentin Sérov – 1910.

2 – Super Nanny 
Exposition “Vivian Maier” au Musée du Luxembourg du 15 septembre au 16 janvier 

Entre les biberons à donner et les histoires à raconter, Vivian Maier ( 1926 – 2009 ), nourrice de profession, était d’abord une photographe de passion. Dans un contexte propice à la mise en lumière des artistes femmes – terme qu’à terme, on espère ne plus mentionner – l’œuvre de Vivian Maier agit comme une breaking news en noir et blanc : les femmes aussi, ont de l’humour et du talent.

Mais encore ? Vivian Maier grandit entre la France et les Etats-Unis. Après quelques années passées à New York, elle s’installe à Chicago et travaille 17 années durant en tant que nourrice des trois enfants Gensburg. Les deux villes, théâtres urbains de la modernité américaine d’après-guerre, seront ses terrains de jeu photographiques favoris. Presque chaque jour, elle arpente les rues à la recherche de lieux, d’expressions et de situations qui l’interpellent et qu’elle immortalise, d’abord en noir et blanc puis plus tard, en couleur. Le talent pour secret, elle ne sort de l’anonymat qu’en 2007, deux ans avant sa mort.

Pour aller plus loin : Issus de la collection Thomas Walter, les chefs-d’œuvre photo du MoMA investissent le Musée du Jeu de Paume du 14 septembre au 13 février. La modernité américaine sous prise de vue.

CHICAGO, SANS DATE ©Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY.

3 – Double-Trouble
Exposition “Chaïm Soutine / Willem de Kooning, la peinture incarnée” au Musée de l’Orangerie du 15 septembre 2021 au 10 janvier 2022

De l’importance du geste. À quelques dizaines d’années près, Chaïm Soutine ( 1893 – 1943 ) et Willem De Kooning (1904-1997) partageaient la même rage de peindre. Aux frontières de l’abstraction et de la figuration, l’artiste maudit et moderne a largement inspiré le précurseur de l’expressionnisme abstrait américain. Mais ont-ils des choses à se dire ? 

Mais encore ? Membre de l’Ecole de Paris, Chaïm Soutine était de ceux qui déconstruisaient. La couleur, la forme, les proportions… Il renverse ce qu’il voit. Mais c’est De Kooning qui, fasciné par sa peinture dans les années 1930, passe le pas de l’abstraction colorée. Néerlandais naturalisé américain, il a créé une passerelle entre figuratif et abstrait avec sa série de « Woman », portraits de femmes distordues. Sans se parler ni se connaître, les deux peintres dialoguent, ravivant l’âme et la chair de la peinture. 

Pour aller plus loin : Chagal, Modigliani, Soutine et toute l’Ecole de Paris se sont donné rendez-vous au Musée d’art et d’histoire du judaïsme. Plongez dans l’œuvre de Soutine et de ses compères jusqu’au 31 octobre 2021

La Femme en rouge – Chaïm Soutine – 1923.

4 – Faire vivre les Natures mortes
Exposition “Carte Blanche à Anne Imhof – Natures mortes” au Palais de Tokyo jusqu’au 24 octobre 2022

Star de la Biennale de Venise 2017, manifestation annuelle d’art contemporain, Anne Imhof s’invite au Palais de Tokyo. Mais cette fois, elle fait croquer : avec quels que 30 autres artistes, elle expose « Natures mortes », une immersion philosophique dans l’architecture du Palais de Tokyo.

Mais encore ? On croit souvent que la nature morte n’est rien d’autre que de l’inerte. Le fruit à peine entamé, la vaisselle cassée, les livres à moitié ouverts… En réalité, c’est bien souvent le reflet de notre triste condition : en dépit de toutes les diversions possibles, nous sommes, nous aussi, périssables. Anne Imhof nous le rappelle et interroge la fragilité des lieux et des hommes grâce à son labyrinthe de verre que le visiteur est invité à parcourir. 

ANNE IMHOF AU PALAIS DE TOKYO.

5 – Botticelli : génie sur tous les fronts
Exposition “Botticelli, artiste et designer” du 10 septembre 2021 au 24 janvier 2022 au Musée Jacquemart-André

Dans la fabuleuse quête de savoir que fut la Renaissance, Sandro Botticelli (1445 – 1510) a tenu place de précurseur. Peintre, professeur, entrepreneur, le génie florentin donne l’impulsion artistique du Quattrocento – le XVème siècle – et incarne notamment le rayonnement de la ville de Florence sous le règne légendaire de la famille Médicis. À noter que celui-ci est brillamment illustré dans la série Les Médicis : maîtres de Florence de Frank Spotnitz et Nicholas Meyer. 

Mais encore ? Le Musée Jacquemart-André célèbre le génie de Sandro Botticelli et le savoir-faire de son atelier grâce à une exposition inédite. Une quarantaine de chefs-d’œuvre ainsi que quelques œuvres dialogues viendront témoigner de l’effervescence de la cité florentine et de l’impact de son chef de file dans la Renaissance italienne : tirée des aplats figés du Moyen-Âge, la peinture de Botticelli trace les chairs de ses personnages et la perspective des paysages. Un peu de relief et de vie que son modèle Simonetta Vespucci arbore de toute sa chevelure rousse. 

Portrait de la Belle dite Simonetta Vespucci – Sandro Botticelli – vers 1485.
Retour de Judith à Béthulie – Sandro Botticelli – 1469.

Perla Msika

La Perle