L’art court les rues – Episode 1 :
le Chat sur les Champs Élysées

L’exercice se corse. Il faut dire qu’on ne nous facilite pas la tâche. Après les musées et les cinémas, voilà que le rideau se baisse sur les galeries et les maisons de vente aux enchères. Triste à en pleurer. Mais vous savez quoi ? On tient le pari : si l’art s’arrêtait aux lieux qui lui étaient dédiés, ça se saurait. Alors, pour le goût du challenge, nous avons décidé de passer au peigne fin les rues de Paris. Des œuvres s’y cachent, il suffit de se balader. Et si d’aventure le ciel ouvert nous était, lui aussi, retiré, qu’à cela ne tienne ! Nous pousserons encore les murs, et parlerons “d’art confiné”. Soyez-en sûr.

On en a plein le dos – Philippe Geluck. Crédit photo : Perla Msika.

LE CHAT DE BRONZE VÊTU

Cette semaine, c’est sur les Champs-Elysées qu’un matou bedonnant a pris ses quartiers. Après avoir investi le dessin de presse puis le monde de la bande dessinée, Le Chat de Philippe Geluck se métamorphose en monumentale sculpture de bronze. De la Place de la Concorde au rond-point des Champs Elysées, une exposition à ciel ouvert laisse place à une vingtaine d’œuvres en rang d’oignons.

Ironie, caricature, jeu de mot et poésie, le Chat ne dit mot mais en dit long. Son créateur Philippe Geluck force l’allure balourde et innocente de son animal pour faire résonner ici et là toute la puissance du trait d’esprit. Celle qui suggère sans le vouloir. Libre à vous, artistes éloquents, de tournicoter votre pensée artistique. Geluck quant à lui, personnalise la répartie : un félin, quelques accessoires, un humour grinçant mais bon enfant. Point barre. 

La figure du chat en prend un coup. Déjà bien amoché par le Chat du Rabbin de Joann Sfar, le street art de Monsieur Chat et le Garfield bien gras, l’animal à moustache n’est plus ce qu’il était : sournois et taiseux. Désormais, c’est un matou dont la bonhomie gauche mais sympathique suscite la tendresse propre aux gentils géants. Il ne sort pas les griffes mais donne le sourire aux passants – petits et grands

Le Chat sur le fil – Philippe Geluck. Crédit photo : Perla Msika.

LA RUE ADOUBE LA BANDE-DESSINÉE

Fédérer dents de lait, âge mûr et cheveux grisonnant n’est pas mince affaire. Si Geluck y parvient c’est parce qu’il maîtrise parfaitement les codes populaires de la bande dessinée. Mieux, en confrontant ses sculptures tout droit tirés de ses planches, aux prestigieux édifices parisiens, comme le Petit et le Grand Palais, l’artiste s’inscrit dans l’élan contemporain qui veut restituer ses lettres de noblesse au IXème art. Après l’enchère mirobolante d’un dessin d’Hergé chez la maison Artcurial – plus de 3 millions d’euros -, après l’angle inédit porté par l’exposition « Picasso et la bande dessinée » au Musée Picasso de Paris, il ne manquait au genre artistique / littéraire que l’adoubement de la rue. Voilà qui est fait. 

Né en 1954, Philippe Geluck est un artiste belge né à Bruxelles. Le Chat, son personnage iconique apparaît pour la première fois sur son faire-part de mariage en 1980 puis en 1983 dans un quotidien belge : Le Soir. L’exposition « Le Chat Déambule » quitte Paris pour Bordeaux le 9 juin 2021.

Crédit photos : Perla Msika.

Perla Msika

La Perle

Exposition « Le Chat Déambule par Philippe Geluck » 
Du 26 mars au 9 juin 2021 
Exposition gratuite en plein air 
Avenue des Champs-Elysées ( côté Concorde ) 75008 Paris 
En tournée jusqu’en 2024