Artiste peintre et muraliste, Théo Lopez travaille sur des représentations abstraites du réel, qu’il réinterprète en travaillant la matière, les lignes et les couleurs. Pour sa rapidité d’utilisation, la liberté d’orientation des projections de peinture, et les possibilités de dégradés et reliefs, la bombe aérosol est son outil favori. Issu du street art, Théo Lopez continue d’y faire référence, tout en évoluant pour construire son style personnel. « Théo Lopez , assure l’historien de l’art Renaud Faroux, s’inspire du monde organique, pour retrouver la peinture à l’état naissant. »
“CICLOS” : UNE PARTITION D’ÉMOTIONS
Futurisme italien, expressionnisme allemand, constructivisme russe, abstraction lyrique, les sources d’inspiration de l’artiste sont nombreuses. Il convoque notamment Kandinsky pour ses liens avec les résonnances intérieures, et les correspondances entre couleur et musique. C’est réussi : les œuvres de Théo Lopez font l’effet de partitions musicales chromatiques et autonomes. Il est presque étonnant de constater à quel point les émotions se multiplient rapidement devant ses créations. Le jeu sur les contrastes entre chaud et froid, clair et obscur, droites et courbes, vide et plein, ajoute à l’effet.
Ce qui fait la beauté de l’art de Théo Lopez, c’est ce cocktail d’émotions et d’interprétations offert à chaque spectateur. Comme un cadeau de l’artiste à son public. Si son art est abstrait, les sensations des visiteurs lors de son vernissage étaient, elles, bien réelles.
“MA PEINTURE EST COMME UN EFFET MIROIR DE LA RÉALITÉ, DE MA VIE, OU DE CE QUE J’ESSAYE DE TRADUIRE COMME RÉALITÉ.”
Theo Lopez à la galerie Vincent Tiercin. Crédit photo : Alexandra Foucher.
UN PROCESSUS CRÉATIF QUI LAISSE PLACE AU HASARD
Dans ses œuvres, les contrastes évoquent des flux d’énergies et de sons, pour révéler les harmonies inattendues qui fondent son style propre. Quel est le processus créatif de l’artiste ? L’expérimentation. Pour peindre, Théo Lopez utilise deux concepts opposés mais complémentaires : réflexion et spontanéité. Il décrit lui-même son procédé : « La notion de temporalité […] est très importante car elle situe un contexte particulier. Je la travaille dans mes compositions par l’accumulation de couches successives qui correspondent à des temporalités bien distinctes. De ce fait, la finalité d’une toile ne m’intéresse pas, car comme la vie, elle pourrait perpétuellement évoluer. »
La première partie de son travail, spontanée et intuitive, consiste à laisser libre court à son inspiration, avec la création de courbes aléatoires, qu’il structure, dans un deuxième temps, avec des formes géométriques. La peinture de l’artiste se construit au fur et à mesure. C’est peut-être là que réside son secret pour parler au spectateur, sans figuration.
DU GRAPH À LA GALERIE…
L’intention artistique anime Théo Lopez depuis longtemps : en 2008, à 18 ans, il intègre le collectif d’art urbain« Le 9ème Concept ». Dans ses premières compositions, il s’inspire de l’art tribal et spirituel, mais fait déjà une grande place à la symétrie. Son saut de la figuration à l’abstraction date de 2015, alors qu’il fait des murales en Israël. Aujourd’hui, il s’éloigne du graffiti, même si ses aplats étirés et leurs couleurs fluorescentes reprennent la dynamique du street art. Son passage du street art à la galerie d’art a été si rapide, qu’on ne peut s’empêcher d’attendre avec impatience son entrée dans les musées d’art contemporain. Affaire à suivre.