Marché de l'art

La galerie Quand les fleurs nous sauvent se met aux roses

Hommage poétique à l’écrivain Jean d’Ormesson, star audio de Tik Tok, l’exposition collective “Merci pour les roses,merci pour les épines” s’attaque à la rose, reine des fleurs et icône florale.

Lamia – Frédéric Léglise.
Tiges de rosiers sauvages – Jean-Pierre Sudre.

Crédit photos : Perla Msika.

Quoi de plus flatteur, passionné, charnel qu’un bouquet de roses ? Lorsqu’il vous est destiné, le message est clair : on vous aime, on vous désire. C’était sans compter sur les épines. Celles qui, après avoir déroulé le papier glacé du fleuriste, vous rappellent à l’ordre : Aïe ! Vous êtes touchés. Vous voilà vulnérables.

C’est sur cette ambivalence que la galerie Quand Les Fleurs nous sauvent s’est penché. Avec « Merci pour les roses, merci pour les épines », elle prend ses quartiers rue Charlot, dans le IIIème arrondissement de Paris et invite une trentaine d’artistes à présenter, en collectif, leur interprétation de la rose, icône florale.

DE TIK TOK À LA GALERIE, JEAN D’ORMESSON REVIT

« Il y a une phrase que j’ai souvent répété, merci pour les roses, merci pour les épines, racontait l’écrivain Jean d’Ormesson. La vie n’est qu’une fête perpétuelle. C’est une vallée de larmes mais c’est aussi une vallée de roses. Et si vous parlez des larmes, il ne faut pas oublier les roses et si vous parlez de roses, il ne faut pas oublier les larmes ». Métaphore imagée de ce qui rend vivant, cette réplique mélancolique, prononcée en 2016, résonne, en ce moment, sur Tik Tok et Instagram. Les internautes inspirés dévoilent, sur les mots de l’écrivain du bonheur, des images de leurs joies et de leurs douleurs. Une tendance qui tombe à pic pour Muriel Fagnoni et Julia Gai. Galeristes de Quand les Fleurs nous sauvent, elles ont inauguré, samedi dernier, une exposition qui reprend les mots et la philosophie de Jean D’Ormesson. Voyons de plus près. 

De l’amant éperdu au Parti socialiste en passant par la Belle et la Bête, la rose est convoquée, citée, parodiée à toutes les sauces. Et pour cause : belle mais épineuse, elle est le symbole connu de tous, le grand classique, la tarte à la crème. Bref, « la reine des fleurs » fait son effet et déchaîne les esprits créatifs depuis que la nature existe. Mais plus qu’une jolie enveloppe, c’est aussi l’intensité de l’existence qu’elle porte en son sein : envoûtante à regarder, sa beauté est éphémère, son rouge puissant, et sa tige, piquante à souhait, nous surprend toujours. Tant de choses à dire, à admirer, à reprocher. Peu importe, tant qu’elle garde son monopole végétal

You Light a fire in me – Olivié Keck.
Deux rosiers – Margaux Laurens-Neel.
“Belle mais épineuse, le rose est le symbole connu de tous, le grand classique. La reine des fleurs déchaîne les esprits créatifs depuis que la nature existe.”

Crédit photos : Perla Msika.

UNE EXPOSITION EN BOUQUET SURPRISE

Joueur, l’accrochage de la galerie attise l’attention. On tire le fil de la visite pour voir les œuvres dialoguer entre elles : sculptures ou peinture, anciens ou contemporains, le courant passe entre les arts tandis que nous, spectateurs curieux, sommes invités à poursuivre. Que nous réserve la visite ? Les fleurs popet aguicheuses d’Olivié Keck flirtent avec le narcissisme trouble de Michel Jocaille. Kitchs et coquets, les Deux Rosiers de Margaux Laurens-Neel défient le tirage photo plus vrai que nature de Jean-Pierre Sudre. Un peu plus et ses Tiges de rosiers sauvages nous piqueraient. Poursuivons. 

Place à Vanina Langer, l’artiste qui ressemble à ses œuvres. Déjà aperçue à la Drawing Factory, résidence artistique campée dans un hôtel désaffecté, elle nous avait reçus dans sa suite où les bibelots, breloques et lianes colorées trainaient au sol, pendaient au mur. Pour Quand les Fleurs nous sauvent, elle récidive et affiche La Captive, une muse de papier, toute faite de roses et de pendentifs. Poésie et féminin quand tu nous tiens. Un parti (re)pris par Brooke Didonato sous un angle plus cocasse. Comme un écho au travail malaisant de Maurizio Cattelan – auteur de la fameuse banane scotchéel’artiste imprime son tirage photographique… sur du papier hygiénique. Et ça tombe bien, le cliché joue des intérieurs traditionnels et présente un bouquet de roses sur le trône d’un « petit coin » aux papier peint fleuri.

Et quand l’artiste peint, le modèle n’est pas loin. En regardant sous les jupes des filles, Frédéric Léglise dresse le portrait en pied de Lamia, pour Lamia Zadié, autre artiste exposante – avec Burning Love et Odalisque jaune, ses œuvres sur tissu. En brunette à la Dita Von Teese, elle dévoile sous sa robe à roses, la plus intime des fleurs… Sourire au coin, regard au loin, elle est l’hôtesse d’accueil décalée qui nous incite à refaire un tour. Vous n’avez pas tout vu – et encore rien acheté : de 150 à 20 000 euros , les œuvres exposées s’offrent à un public large. 

Perla Msika

La Perle

 Exposition “Merci pour les roses, merci pour les épines”
Du 13 au 28 novembre 2021
Galerie Quand les fleurs nous sauvent
66 rue Charlot 75003 Paris
Commissaires d’exposition : Muriel Fagnoni et Julia Gai
Instagram : @quandlesfleursnoussauvent
wwww.quandlesfleursnoussauvent.com