Photo : Issu du Feu ( White Lines ), 2019, pastel à l’huile et charbon sur toile. Crédit photo : Céline Bonnelye.
La galerie Perrotin met à l’honneur le monde monochromé et intrigant de l’artiste Lee Bae pour la deuxième fois à Paris. “Le noir en constellation” écarte les débuts dans l’abstraction colorée de l’artiste. En effet, en quittant son pays d’origine, la Corée du Sud, Lee Bae renonce aussi à la couleur pour se pencher sur l’étude du noir. Si cette couleur est déjà fortement traitée par les artistes, à l’image de Pierre Soulages, Lee Bae apporte une nouvelle approche. Il assimile à cette couleur un matériau : le charbon. Celui-ci l’intéresse pour sa couleur qui «exprime toutes les couleurs et toutes les formes» mais aussi parce que c’est un produit naturel. Lee Bae s’identifie au charbon qu’il qualifie de matériau humble.
LE CHARBON SOUS TOUTES SES FORMES
Dans l’univers de Lee Bae, le charbon devient un pigment mais aussi une sculpture. Avec sa première série« Issu du feu » commencée en 1999, Lee Bae réalise des tableaux et sculptures ayant tous le même titre. Les tableaux « Issu du feu » sont faits de mosaïques en charbon poli et sablé afin que la lumière émerge des morceaux. Il montre ainsi que chaque sculpture peut être unique tout en étant issue du même matériau. Les nuances et la profondeur de ses œuvres ressortent dans la scénographie proposée par la galerie Perrotin. Dans une pièce noire éclairée par des lumière blanches tamisées, advient la confrontation avec une œuvre noire strillée de craies blanches, tels des feufolets parcourant la toile.
Cette immersion dans l’univers apaisant et fascinant de l’artiste se révèle à nouveau avec une installation appartenant, elle aussi, à la série « Issu du feu ». En entrant dans la salle, on contemple tout d’abord un grand bloc rectangulaire noir charbon. Lorsque l’on s’avance, des piliers taillés en pieux pointent vers le ciel à l’image d’arbres renaissant des cendres.
Cette confrontation rappelle la frontalité de la série « Landscape ». Ces œuvres présentent un fort contraste entre un fond blanc et le charbon noir qui les recouvre. Mais l’artiste, comme le symbole du Yin et Yang, équilibre les deux couleurs sans que l’une ne prenne le pas sur l’autre.
“LES TABLEAUX ISSU DU FEU SONT FAITS DE MOSAÏQUES EN CHARBON POLI ET SABLÉ AFIN QUE LA LUMIÈRE ÉMERGE DES MORCEAUX.“
Lee Bae – Issu du feu ch-122, 2003. Crédit photo : Celine Bonnelye.
LE TRAITEMENT DU DYNAMISME
Pour la première fois en France, la série « Brushstroke » est aussi présentée. De grands papiers sur lesquels se dessinent de longs rubans noir. Lee Bae, par cette série, entend réinterpréter la calligraphie d’Asie de l’Est en lui apportant de la lumière et de la joie. Comme dans la pratique de cet art ancestral, l’artiste passe des heures à effectuer des mouvements jusqu’à ce qu’il atteigne une connexion entre son corps et son âme.
Le dynamisme porté par cet unique geste s’oppose aux mouvements de la série « Untitled » Lee Bae y répète, sur plusieurs couches, un même motif séparé par des épaisses couches d’acrylique translucides semblables à de la cire.
« Le noir en constellation » est présentée à la galerie en parallèle de l’exposition « Vision » d’Yves LALOY. Son travail puise dans l’humour et l’ironie et opère un contraste savoureux avec l’œuvre, plus réservée, de Lee Bae. Un combo dont seul Perrotin a le secret.
Crédit photos : Celine Bonnelye.
