La Galerie Suzanne Tarasiève présente « A libretto for an Unfinished journey », une exposition de l’artiste Alkis Boutlis jusqu’au 18 mars 2023. Une exposition où l’esprit libre de la galeriste Suzanne Tarasiève se reflète à travers les explorations techniques et spirituelles d’un artiste qu’elle représente depuis 20 ans.
Pour cette exposition, Alkis Boutlis, qui vit et travaille en Grèce, à Thessalonique, puise dans la force des mythes antiques. Le corpus d’œuvre exposé est le résultat d’une large exploration formelle menée par l’artiste depuis 2021. Les techniques et les sujets varient, ce qui permet au spectateur de bénéficier d’une vision assez juste et de l’étendue de son travail.
AU CŒUR DES MYTHES ANTIQUES
La représentation du poète mythique Orphée est très présente dans l’œuvre d’Alkis Boutlis. Selon la légende, sa voix et sa lyre charment les créatures terrestres et infernales. L’artiste décidé tel Orphée, à affronter les ombres, suit une quête artistique et créative profonde.
Le mythe d’Orphée et d’Eurydice est aussi incarné tout au long de l’exposition. Après avoir convaincu les dieux, Orphée descend aux enfers pour récupérer sa femme Eurydice, mordue à mort par un serpent. Mais ne respectant pas la promesse faite à Hadès de ne pas poser le regard sur elle, il condamne Eurydice à rester dans le royaume des morts. L’artiste s’inspire de ce mythe dans ses œuvres, finalement moins pour la descente aux enfers que pour le voyage d’Orphée qui s’apparente, là encore, à un retour sur soi, une introspection nécessaire à la création. Le traitement de ce mythe le démontre, par exemple dans l’œuvre La fuite d’Eurydice : le personnage est immobile, se fondant presque dans les ténèbres du paysage où un ciel qui se déchire construit la dynamique de l’œuvre.
“Dans La fuite d’Eurydice, le personnage est immobile, se fondant presque dans les ténèbres du paysage.”
La fuite d’Eurydice, 2022. Crédit photo : Galerie Suzanne Tarasiève.
UNE PEINTURE EN MOUVEMENT
Si les références littéraires et mythologiques sont nombreuses dans l’œuvre d’Alkis Boutlis, elles suggèrent, au-delà d’une autre lecture d’une œuvre, des chemins sous-terrains, vecteurs d’inspiration de l’artiste.
Le mythe d’Orphée et Eurydice, fil rouge de l’exposition, sert presque finalement de prétexte pour l’artiste, se concentrant essentiellement sur le geste, en mouvement de sa peinture. Mouvement que l’on retrouve dans les paysages tourmentés, où les bateaux naviguent face à des vagues immenses. On entend presque les chants des sirènes attirer les marins.
Exploration aussi spirituelle que formelle, cette exposition présente les techniques artistiques différentes employées par l’artiste : huile sur bois, gouaches, aquarelles, jusqu’au chimigramme – procédé entre peinture et photographie qui consiste à tremper des papiers photosensibles dans de la peinture afin de révéler des formes abstraites.
L’exposition d’Alkis Boutlis est presque déstabilisante pour le spectateur qui voyage à travers les différents univers libres et chimériques de l’artiste. Cette exposition s’inscrit dans le prolongement de la mort, en décembre 2022, de la galeriste Suzanne Tarasiève. Aujourd’hui, son équipe s’engage avec autant de conviction et d’énergie qu’elle. Une véritable continuité de son travail et du soutien indéfectible dédié aux artistes de la galerie.