« Tout a commencé avec un besoin de m’exprimer, de trouver l’universalité. » Au départ de ce besoin, l’artiste Jeff Kowatch se met à la peinture. Dans sa quête lente et personnelle, il explore plusieurs techniques et donc plusieurs chemins. Avec l’exposition « Breath », en ce moment à la Galerie La Forest Divonne, c’est à l’abstraction brute et colorée qu’il s’attelle. Une respiration de la couleur, vue en grands formats.
PATIENCE EST MÈRE DE CRÉATIVITÉ
Jeff Kowatch est un artiste pluridisciplinaire : peinture, cuisine, théâtre, il se passionne et travaille avec un dévouement hors normes. Répéter une scène de La Mouette de Tchékhov inlassablement pendant trois ans, méditer quatre heures par jour pendant vingt ans… Sa patience est la clef de construction de ses œuvres : certaines de ses toiles représentent trois ans de travail. Jour après jour, les couches de couleur se superposent sur les supports. Il accorde toute son énergie à la recherche de la sensation, de l’harmonie.
L’ABSTRACTION COMME EXPRESSION DES SENTIMENTS
La peinture coloriste de Jeff Kowatch est marquée par l’influence des artistes américains Mark Rothko et Brice Marden. Son travail est centré sur la couleur, l’espace, la forme et le mouvement. Il dit vouloir « laisser la peinture aller où elle veut aller ». Soucieux de trouver l’universalité et de toucher tout un chacun, il convoque l’abstraction et use du geste circulaire. « Je ne veux pas tomber dans le piège de la représentation » confie-t-il. Ainsi, il laisse une place importante à la spontanéité et l’improvisation. Ces toiles sont donc l’illustration d’une réalité émotionnelle intime, résultat d’une quête de la réalité. Face à ses tableaux, le spectateur rentre dans la toile, comme enveloppé dans l’univers harmonieux, coloré et personnel de Jeff Kowatch.
“JE LAISSE LA PEINTURE ALLER OÙ ELLE VEUT ALLER.“
Jeff Kowatch
LE PIGMENT, L’HUILE : LA PEINTURE N’EST QUE MATIÈRE
Cultivant une élaboration lente de la peinture, l’artiste laisse le temps à la peinture de s’exprimer sous son jour le plus concret, le plus matériel. « Mon travail est très lent. Je peins, j’attends que la peinture sèche, je gratte, je repeins, et ainsi de suite », explique-t-il. Pour ce faire, il utilise plusieurs procédés dont le bâton à l’huile, technique phare de l’exposition « Breath ».
Le créateur de ce bâton à huile, un certain Sennelier, cherchait à créer un matériau qui s’appliquerait sur tout support, ouvrant l’artiste à plus de souplesse créative. Son pigment est similaire à la peinture à l’huile, mais c’est – contre toute attente – l’huile, qui est modifiée au profit d’un mélange avec de la cire. Ainsi, Les « Drawings » sur Dibond de Jeff Kowatch revêtent un rendu plus épais, plus organique tandis que ses peintures à l’huile convoquent un aspect plus lisse, plus ouaté, plus profond. Pour ce faire, il reprend la technique de Rembrandt ( 1606 – 1669 ), l’huile de lin épaissie au soleil, et utilise le procédé du glacis : la lente superposition des couches – une quarantaine en moyenne pour chaque toile. Cette technique, plutôt utilisée pour la restauration ou sur les petits formats, prend, sur les grandes surfaces, un aspect tout à fait original : la lumière intérieure du tableau se révèle davantage à l’œil du spectateur.
Ode à l’harmonie et au dialogue entre les couleurs, l’œuvre de Jeff Kowatch remet la peinture contemporaine au goût du jour : un nouveau souffle, celui d’une couleur qui s’assume, sévit sur ses toiles. Après l’exposition « Breath », il souhaite penser la spiritualité dans l’art, pour évoquer, selon ses termes, « la création de ses propres dieux »