Le pari était risqué, il est pourtant gagnant. Elle est loin, l’époque où la carrière de Robert Pattinson était réduite à la saga Twilight. Car, si l’acteur de 35 ans a mis du temps à se défaire de son image de star de films pour adolescents, il offre, dans The Batman, une prestation époustouflante de justesse. Le britannique livre une version du Chevalier Noir à la fois très originale (voire jamais vue) et pourtant totalement crédible.
PLUS PROCHE DU FILM D’HORREUR QUE DU FILM DE SUPER-HEROS
En effet, là où l’on a souvent vu l’héroïsme prédominer chez Batman au cinéma, ici, le réalisateur du film, Matt Reeves, a préféré le présenter comme un être torturé par ses démons. Il n’est jamais dépeint comme ce justicier masqué, qui prend plaisir à sauver Gotham du crime. Dans la chronologie du film, il ne joue d’ailleurs ce rôle que depuis deux ans. Mais, s’il est encore novice, sauver Gotham est presque un devoir pour celui qui incarne la vengeance et qui ne se considère pas comme un super-héros. Même le costume, taillé sur mesure pour l’acteur, tranche largement avec les précédents. Il est plus entaillé, comme s’il pouvait casser à tout moment. L’homme à l’image de son costume.
Robert Pattinson définit ainsi son personnage comme : « Un type qui tente de régler ses névroses en remettant sa vie en jeu, nuit après nuit. Il est presque accro à ça, comme on peut l’être à une drogue. » Et cela se confirme lorsque le justicier se présente sous sa véritable identité. Le Bruce Wayne de The Batman ne ressemble à aucun autre. Celui que l’on a toujours connu comme un milliardaire sain d’esprit et fervent de se montrer parmi les soirées mondaines, est ici tout autre. Chacune de ses présences en public est remarquée tant elle est rarissime. Le Bruce Wayne de Matt Reeves ne s’est jamais remis du décès tragique de ses parents et préfère rester enfermé dans son manoir que de se montrer aux côtés des magnats de Gotham City. Pourquoi ? Il est conscient de la fourberie de ces derniers. D’autant que le mystère autour de son drame familial n’a jamais été résolu. Du moins jusqu’à maintenant…
Outre son conflit intérieur, Batman se doit de protéger une ville qui sombre dans la corruption, la violence à outrance et les meurtres à répétition. D’autant que l’une des plus grandes personnalités de la ville vient d’être sauvagement assassinée par celui qui se fait appeler le « Riddler. ». On le connaît en France sous le nom de l’Homme Mystère. Le point de départ d’une enquête policière de presque trois heures mène alors l’homme chauve-souris dans les quatre coins de la ville, à la rencontre de personnages bien connus : l’Homme Mystère donc, mais aussi le Pingouin ou encore l’inimitable Catwoman. Jouée par Zoë Kravitz, elle est la révélation de ce film et peut être même la meilleure Catwoman jamais vue au cinéma. L’alchimie entre “the Bat and the Cat” se construit au fur et à mesure du long-métrage et n’est jamais surjouée. On comprend ce qui les lie et leur volonté commune de faire tomber ceux qui parasitent Gotham et profitent d’un système pourri de l’intérieur où les riches ne cessent de s’enrichir et les plus pauvres sont laissés sur la touche.
“L’ALCHIMIE ENTRE “THE BAT AND THE CAT” SE CONSTRUIT AU FIL DU FILM.“
Robert Pattinson ( à gauche ) et Zoë Kravitz ( à droite ) interprète le duo de justiciers.
MATT REEVES : QUAND LE FAN SE MET AU FILM
Avec The Batman, Matt Reeves fait preuve d’un subtil équilibre : créer son propre univers, en s’inspirant de ce qui a fait la légende du super-héros. Loin du monde loufoque des Batman de Tim Burton, on retrouve davantage de points communs entre le personnage joué par Robert Pattinson et celui de la saga de Christopher Nolan. Un habile mélange entre ce Batman et celui des Comics. Cela ne fait aucun doute : Matt Reeves est un grand fan de l’univers du super-héros… Peut-être même un peu trop. C’est le reproche que l’on peut faire au film : à force de vouloir ancrer ses personnages et son intrigue dans une précision sans faille – qui plaira aux plus grands passionnés – le réalisateur passe parfois trop de temps sur certains éléments. Preuve en est : jamais un Batman n’avait duré aussi longtemps. Quelques longueurs – en milieu de film notamment – se font ressentir.
The Batman s’annonce, néanmoins, comme un futur classique du genre ; un succès prévisible qui satisfera toutes les attentes des fans, du premier combat jusqu’à la toute dernière scène qui vous laissera… sans voix ! Quoiqu’il en soit, nombreux seront ceux qui, à la sortie du film, n’espèreront qu’une chose : voir Robert Pattinson renfiler le costume… au plus vite. Ce qui n’est pas gagné d’avance…
La Perle
The Batman
Un film de Matt Reeves
Date de sortie : 2 mars 2022
Durée : 2 heure et 55 minutes
