À la fin du dernier épisode , on quittait James et Madeleine partant vers le soleil, main dans la main après avoir livré au MI6 son maléfique demi-frère Blofeld. Malheureusement pour le Dom Juan londonien, le passé ne voulant pas le laisser tranquille, il est piégé et manque de se faire tuer par une bande d’assassins. Cinq ans plus tard, alors que Bond s’est retiré du monde, un ami de la CIA lui demande son aide pour retrouver un scientifique russe kidnappé. Une mission qui va le mener sur les traces d’un dangereux criminel détenteur d’une arme chimique des plus dangereuses.
007 : COMME UN GOÛT DE PREMIÈRE FOIS
Si on devait donner un titre alternatif à ce film, on pourrait choisir « Première fois ». nombreuses sont les grandes premières : une Bond girl ( Léa Seydoux ) qui revient d’un film à l’autre – c’est du jamais vu. On ne fait qu’un tour sur le manège Bond. Autre grande première, la réponse à l’incessante rumeur : Bond deviendra-t -il une femme ? Réponse : Bond n’est pas une femme mais le matricule libre 007 est bien attribué à une femme (Lashana Lynch).
Dernière nouveauté et surprise de choc : Bond a eu une fille. James est papa ! Dans le prolongement des épisodes avec Craig, Cary Joji Fukunaga a eu à cœur d’humaniser le personnage. Barbara Broccoli, productrice qui a littéralement hérité de la franchise, aime à répéter que les films 007 constituent un miroir de leur époque. Il est donc cohérent de donner une importance capitale aux rôles féminins qui, auparavant, étaient au mieux secondaires, au pire accessoires.
Un autre aspect est propre aux épisodes portés par Daniel Craig : la continuité. L’arc narratif commence avec Casino Royal, il y a 15 ans et finit quatre films plus tard avec Mourir peut attendre. C’est d’ailleurs ce qui a motivé Daniel Craig à rempiler pour un dernier film : la possibilité de boucler toutes les boucles. Ça, et un joli chèque of course.
“LES FILMS 007 COMME UN MIROIR DE LEUR ÉPOQUE : IL EST COHÉRENT DE DONNER UNE PLACE CAPITALE AUX RÔLES FÉMININS.”
007 : Mourir peut attendre – Cary Joji Fukunaga – 2021.
UN FINAL FRACASSANT, UN VILAIN DÉCEVANT
Cary Joji Fukunaga, metteur en scène virtuose – à qui l’on doit entre autres Beasts of no nation et la série Netflix, Maniac – livre un produit très esthétique. Tournée dans cinq pays différents, chaque scène est d’une couleur et d’une beauté étonnante. La caméra est sans arrêt en mouvement et aimantée par Craig. On finit d’ailleurs dans le repaire du méchant avec un plan séquence extraordinaire qui évoquerait même une cinématique de jeu vidéo.
Le méchant, parlons-en. Un orphelin revanchard défiguré qui veut tuer tout le monde. C’est vulgairement le portrait qu’on pourrait faire de Lyutsifer Safin, joué par Rami Malek. Bien qu’il ait une backstory (un passé) et une entrée en scène assez spectaculaire, les scènes où on le voit manquent cruellement. On ne sent pas assez sa présence et sa vilénie pour le hisser au rang de méchant iconique. Malgré un plan d’une cruauté sans égal, le personnage et l’affrontement final restent un peu fades et nous, sur notre faim. C’est le grand défaut du film : il peine à nous servir un méchant digne de Raul Silva (Skyfall) ou Le Chiffre (Casino Royal) qui incarnent des vraies icônes maléfiques.
Après un final que je n’ose révéler, on peut se demander ce qu’il va advenir de Bond. Barbara Broccoli va-t-elle vraiment commencer à chercher un nouvel interprète à partir de 2022 ? Ou-est ce que la révérence de Daniel Craig coïnciderait avec celle de l’agent britannique ? Seul le temps nous le dira.
Que l’on aime ou pas ce dernier épisode de la saga – et même si nous étions légions à douter de ce sixième acteur à son arrivée en 2006 – on peut le dire aujourd’hui : Daniel Craig est 007. Il a réussi à faire rentrer James Bond dans le réel, à le faire saigner, suer et pleurer mieux qu’on aurait pu l’imaginer. Après quinze ans au service de Sa Majesté on ne peut donc que lui souhaiter une suite de carrière digne de ce nom et lui promettre de ne pas l’oublier. Good job Daniel, thanks for all.