L’hiver à Paris : le froid, la pluie, les jours qui raccourcissent, et les nuits qui s’allongent. Mais notre quotidien, lui, ne perd rien de son rythme effréné. On se surprend alors à chérir les instants où l’on n’a rien à faire d’autre que de rester chez nous, au chaud… en famille. Au Théâtre Montmartre-Galabru, Thibaut Gonzalez nous replonge dans ces années cotonneuses. Avec « Le Grand Départ », il met à l’honneur, une heure durant, des moments qu’on ignorait si précieux.
BIENVENUE CHEZ LES MOURIER
La famille, la famille, la famille. Tellement unique mais diaboliquement universelle. Bienvenue ici chez la famille Mourier, où Irène, entreprend de rassembler tout le monde, le temps de quelques heures. Si la raison est originale, on reconnaît instantanément tous les codes si fidèles aux réunions familiales. Pour cet évènement exceptionnel, c’est le fils d’Irène, Philippe, qui se charge du bon déroulement et la programmation de la soirée. Mais à l’image de toutes les choses organisées ou planifiées au millimètre, absolument rien ne va se passer comme prévu. Il ne tient alors plus qu’à nous, spectateurs, de se délecter du festival de fiascos auxquels va devoir se confronter Philippe et son caractère plutôt irritable. Que ce soit, sa femme, son fils Nicolas, l’amie de sa mère trop intrusive, ou encore l’oncle lourdingue, tous viendront à apporter leur sel à cette histoire – au plus grand dam de Philipe.
Au-delà du burlesque des situations et de certaines répliques qu’on n’ose lâcher qu’en famille, ce sont aussi nos curiosités affamées qui s’en voient ravies. Nous voilà permis de regarder à l’intérieur de cette maison, d’observer l’intimité d’une famille dont on ignorait tout avant d’entrer dans la salle. Une petite salle de théâtre, rouge, chaleureuse et conviviale, dans laquelle on se sent vivre tous ensemble chaque rebondissement proposé par Thibaut Gonzalez, dans le rôle de Philippe.
“THIBAUT GONZALEZ INTERPRÈTE AVEC BRIO ET GÉNÉROSITÉ TOUTES CES PERSONNALITÉS.”
Le Grand Départ avec Thibaut Gonzalez, Crédit photo : Marie Charbonnier.
DES PERSONNAGES FAMILIAUX ET FAMILIERS
Car si l’on se régale de découvrir ce foyer et les personnages qui la composent, on reste ébahis, presque essoufflés avec lui, devant la performance du comédien. Tantôt Philipe, puis Nicolas, Marguerite, l’oncle ou encore Corinne, Thibaut Gonzalez interprète avec brio et générosité toutes ces personnalités. Bien sûr, chacun se retrouve attachés à des clichés. On trouve alors l’adolescent blasé, l’oncle beauf, la vieille copine clopeuse… Mais c’est autant de clichés que l’on reconnaît tous parfaitement, tant on les a vécus. Car si chaque famille est unique, construite sur des moments de joie ou ces drames singuliers, elles se composent toutes des mêmes piliers. Dans sa fantaisie et la drôlerie des personnages, Thibaut Gonzalez nous fait souvent rire, mais c’est d’abord la nostalgie qui vient nous tirer les larmes. Avec une adresse précise et des ruptures adroites, le comédien vient, sans crier gare, nous toucher en plein cœur.
Derrière ces stéréotypes, se cachent des phrases et des comportements frappants de vérité. Malgré le ras-le-bol des obligations familiales, de ces semaines à se plaindre de nos parents ou de la longueur interminable de ces repas dominicaux, reste une cause commune : se rassembler. En nous confrontant au temps béni et animé des journées en famille, « Le Grand Départ » réplique avec humour et tendresse l’amour que la pudeur nous empêche trop souvent de clamer.