Après leur résidence à Paris, leur tournée en France, et autour du monde, la troupe du Cirque Le Roux revient présenter son spectacle « La nuit du cerf ». Ils sont programmés jusqu’au 14 janvier 2023 au Théâtre le 13ème art. L’intrigue : une famille se réunissant pour les funérailles d’une mère. Mais l’arrivée d’un inconnu dans la maison familiale perturbe le déroulement des évènements.
UNE GALERIE DE PERSONNAGES CLOWNESQUES
Tous les artistes campent respectivement des personnages caricaturaux mais très étudiés. Il y a les trois frères et sœurs : Béa (Lolita Costet), la sœur extravagante et autoritaire, accro aux Caïpirinha, Tibou (Grégory Arsenal), le frère attardé, surexcité et maladroit, agissant comme s’il était un chien, et Rolland (Yannick Thomas), flic raté, balourd et benêt. Ensuite, nous avons les pièces rapportées de la famille : James (Philip Rosenberg), le narrateur et époux de Béa, qui se prend pour une star de Hollywood, et Nancy (Valérie Benoît), la femme de Rolland, l’originale, fraîche, pleine d’humour et enthousiaste. Enfin, le dernier personnage qui vient déstabiliser tout ce petit monde est Edmond (Andrei Anissimov), l’amant éperdu de Nancy.
Les ressorts comiques mis en place sont simples et efficaces. Ce joyeux bazar, foutraque et solaire, explose d’inventivité. On ne s’arrête de rire que lorsque l’on est pris de vertige par la beauté et l’émotion.
“LES COMÉDIENS ACROBATES PRENNENT DES RISQUES FOUS SOUS NOS YEUX.”
La nuit du cerf, le cirque le Roux. Crédit photo : Jean-Marc Helies.
UN APPEL À LA PRISE DE RISQUES
Le spectacle s’ouvre sur la réplique d’un journaliste américain, Hunter S. Thompson : « La vie ne doit pas être un voyage en aller simple vers la tombe (…) mais plutôt une embardée dans les chemins de traverse (…) de laquelle on ressort épuisé, en proclamant bien fort : quelle virée ! » La vie est un jeu. C’est ce que les artistes nous font passer comme message. À quoi bon vivre si c’est pour rester en sécurité, dans sa zone de confort ? Dans la vie il y a des moments simples et doux, mais aussi des douleurs, des chutes. Le nœud central de la pièce met en abyme le réel, avec ces acrobates prenant des risques fous sous nos yeux.
UNE PERFORMANCE PHYSIQUE ÉPOUSTOUFLANTE
Les personnages sont tout aussi travaillés que le sont les décors, les musiques et les costumes. Tous ces éléments mettent en place le parfait écrin pour sublimer les acrobaties et prouesses en tous genres des interprètes. À plusieurs moments, on est époustouflé par la technique, mais aussi et surtout par l’extrême grâce des artistes. Les corps sont fluides et ondulent au rythme de la musique. Chaque mouvement est fini avec une grande délicatesse. La danse n’est donc pas l’élément central du spectacle mais se trouve tout de même défendue à chaque instant.
A la croisée des chemins entre plusieurs disciplines, « La nuit du cerf » est un spectacle grandiose. C’est à la fois du cirque, du théâtre et de la danse, développé dans le cadre savoureusement nostalgique des années 1970. La mise en scène, tant visuelle que sonore, nous emmène faire un véritable voyage. On est téléporté dans cet univers incroyable et saisi par le tour de force physique. On en prend plein les yeux. Le sourire ne quitte pas nos lèvres de tout le spectacle. On sort de là enthousiaste, avec un seul désir : croquer la vie à pleines dents.