Il y a de ces moments qui donnent le sourire. Des morceaux de vie souvent anodins, pas spécialement grandiloquents, mais venant nous cueillir sans aucune résistance. Cette lecture vivante de la BD « Zaï Zaï Zaï Zaï » par le duo Nicolas et Bruno, sur les planches de la Comédie de Paris, en fait indéniablement partie. Une bulle au milieu de la frénésie urbaine, d’une heure environ, où tout ce qu’il nous reste à faire est d’ouvrir grand les yeux et les oreilles, pour laisser un grand sourire béat se dessiner sur nos visages.
UN MOMENT DE CONVIVIALITÉ
Les meilleurs moments de la vie sont souvent ceux partagés entre amis. C’est de ce parfum, que cette représentation à la Comédie de Paris nous enrobe : Trois protagonistes entrent en scène, et là, commence la fête. Ils rejoignent la scène, et, au rythme des pages tournées sur une projection grand écran, Nicolas et Bruno jouent de leur voix afin de faire vivre en direct les planches dessinées. Mathias Fedou, lui, joue de sa guitare et de son piano afin de bercer le récit : L’histoire de cet homme, contraint à fuir le monde et la société, sous peine de se faire lyncher. L’acte impardonnable qu’il a commis ? L’oubli malencontreux de sa carte de fidélité au supermarché.
En interprétant les différentes cases de la bande dessinée, les deux comédiens s’amusent, et s’adressent des sourires complices. Entre le texte hilarant de Fabcaro, et le jeu des deux hommes, nous assistons, à gorge déployée, à l’instant privilégié du bon moment entre amis. Il ne s’agit plus seulement de trois camarades de scène, mais de toute une bande de copains, qui s’esclaffe de concert, au rythme des péripéties du héros malgré lui. Nicolas et Bruno se laissent même aller à briser le quatrième mur – qui sépare généralement l’illusion du jeu d’acteur et le public – afin de rire sans filtre avec l’assemblée. On joue, on rit ensemble, et si toute la salle apprécie, eux aussi, savourent le moment. Simplement heureux d’être là, entre eux et avec nous. Et dans cette aventure aussi absurde que percutante, nous aussi, sommes ravis d’être ici, entre nous, avec eux.
“NICOLAS ET BRUNO JOUENT DE LEUR VOIX AFIN DE FAIRE VIVRE, EN DIRECT, LES PLANCHES DESSINÉES.”
Zai Zai Zai à la Comédie de Paris.
UNE LECTURE BIEN VIVANTE
C’est souvent le secret d’un moment réussi : comme le disait Paul Coelho, David Copperfield, ou notre tonton bon vivant, « les meilleures choses dans la vie, sont souvent les plus simples. » Après ce spectacle, on ne peut qu’acquiescer ces paroles. Car, c’est avec presque rien, que nos trois (nouveaux) amis ont rendu cette lecture bien vivante : leur voix, leur enthousiasme et leur jeu d’interprétation, bien entendu. Mais aussi, grâce à une multitude de détails à repérer au fil de la représentation.
Sur la table, derrière laquelle Nicolas et Bruno sont assis, se trouvent toutes sortes d’objets : Une chaussure à talon pour mimer des bruits de course effrénée ; un sac plastique imitant à la perfection une marche champêtre. Et tandis que le diaporama passe, une à une, les cases de l’album, des légers changements d’intonations donnent vie à tous les personnages, des silences soulignent le récit… Et parfois même, quelques improvisations, venant nous rappeler que tout cela se passe, en direct, devant nous, sans triche.
Après avoir investi les salles de cinéma avec l’adaptation de François Desagnat, « Zaï Zaï Zaï Zaï » renaît au théâtre : l’exercice du duo de la Comédie de Paris convoque tout ce qui constitue le rôle du narrateur, chargé de raviver une lecture comme bon lui semble. Ici, le choix d’effets modestes mais efficaces ajoute au propos de Fabcaro sans l’éclipser. Un format qui semble plaire aux metteurs en scène puisque l’Atelier de Paris se prête, lui aussi actuellement, à une interprétation théâtrale de « Zaï Zaï Zaï Zaï ».
