Musée d’Orsay : ici commence le cinéma

« Enfin le cinéma ! » met en perspective le cinéma et les arts qui l'ont introduit, à travers une sélection d’œuvres éblouissantes. A l'aube du XXème siècle, le grand écran devient le produit d'un monde en pleine mutation, fasciné par le mouvement des corps et des environnements.

Descente d’un plan incliné – 1882 : Les œuvres endossent une multitude de point de vues, que le badaud, porteur d’un regard mobile, abandonne aux mouvements de la foule.

L’exposition « Enfin le cinéma ! » met en scène une impressionnante collection de photographies, peintures, affiches et courts métrages, issues des collections de la Bibliothèque Nationale de France et de la Cinémathèque française.

PARIS : VILLE ÉCRAN

L’exposition nous plonge dans le Paris de la fin du XIXème siècle ; métropole monumentale bercée par le changement et la contingence de la vie. Le cinéma naît dans cette ville bousculée par les progrès de la modernité. La notion du temps s’accélère, tout va plus vite, plus loin. La vie citadine devient un spectacle, matière richissime à la nouvelle création cinématographique. Les œuvres endossent une multitude de point de vues, que le badaud, porteur d’un regard mobile, abandonne aux mouvements de la foule. Il y a, au milieu des masses, non plus un sentiment égoïste mais des émotions partagées devant des images semblables. Le corps collectif se prépare à l’émotion commune procurée par le cinéma.

“LE CINÉMA NAÎT DANS CETTE VILLE BOUSCULÉE PAR LES PROGRÈS DE LA MODERNITÉ. LA NOTION DU TEMPS S’ACCÉLÈRE, TOUT VA PLUS VITE, PLUS LOIN.”

Gustave Caillebotte Le pont de l’Europe 1877.

LE CINÉMA OU LA QUÊTE DU MOUVEMENT

Les mouvements de la nature sont célébrés chez le peintre Pierre Renoir, la durée à travers les variations de la lumière de la cathédrale de Reims chez Claude Monet. Les astres, la mer déchaînée, les abîmes marins sont capturés par l’objectif. La représentation des éléments naturels entend bousculer les perspectives de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, afin de capter toutes les mesures de la réalité. La photographie retient la matière des images et les effets d’optique, comme la caméra s’attellera à le faire au début du XXème siècle. Ces artistes se retrouvent autour d’un horizon commun : faire pénétrer leurs œuvres de durée, les imprégner du temps qui s’écoule

METTRE LE CORPS À L’ÉPREUVE

Le début du cinéma met aussi le corps à l’épreuve. Les recherches scientifiques sur l’anatomie et les prouesses sportives inspirent les caricatures et les personnages imaginaires des montages de George Méliès. Dans sa représentation, le corps ne devient plus seulement une image statique mais un objet de beauté dynamique qui produit, de fait, un certain regard porté sur lui. Le cinéma participera à la fétichisation des corps, la sexualisation de la femme et la virilisation excessive des hommes.

« Enfin le cinéma ! » plonge le visiteur dans tout ce qui fait le cinéma : la représentation et le regard porté sur elle. Comme écrit Jean Luc Godard dans les Cahiers du Cinéma : « La peinture est immobile ; le cinéma est intéressant, car il saisit la vie et le côté mortel de la vie. » C’est à travers l’immobile que s’est inscrit la quête du mouvement, et, enfin, le cinéma. Le cinéma comme spectacle de la vie, dans ce qu’il offre de véritable et d’imaginaire, de particulier et d’universel.

Baignade dans un torrent Alice Guy Blaché 1897.
Jean Renoir La Seine à Champrosay 1876.

La Perle

Exposition « Enfin le cinéma ! »
Du 28 septembre au 16 janvier 2022
Musée d’Orsay,
1 Rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris
Commissaire d’exposition : Dominique Païni (commissaire général),
Paul Perrin et Marie Robert (commissaires Paris)