Au musée national de la Marine, un air marin dans l’air du temps

Le musée national de la Marine de Paris célèbre le premier anniversaire de sa réouverture. Après six années de travaux, le parcours mise sur l’immersif pour sensibiliser aux enjeux maritimes d’aujourd’hui et de demain.

la myriade d'œuvres du musée est désormais entourée d'animations et de jeux interactifs. Crédits : musée national de la Marine

Mille milliards de mille sabords ! Ou plutôt 72,2 millions d’euros toutes dépenses confondues. Pour faire peau neuve, le musée national de la Marine a cassé la tirelire au point de devenir un chantier culturel majeur. Sa réouverture en 2023  a marqué l’aboutissement de six années de travaux. 

Ouvert au palais Chaillot en 1943, le chef-lieu des amoureux de la mer s’est métamorphosé. Et si les maquettes de navires, cœur historique de la collection, jalonnent toujours le parcours du spectateur, la myriade d’œuvres du musée est désormais entourée d’animations et de jeux interactifs.

Une sortie en mer 2.0

Le seuil du musée à peine passé, un parfum iodé vient stimuler l’odorat du visiteur. Il tend l’oreille et se fait surprendre par le son de vagues et de cordages qui précède une annonce de l’accueil. La démarche du musée a été repensée. Il ne s’agit plus uniquement d’en apprendre sur la Marine, mais de vivre une expérience maritime

Ce dernier vise à garder l’aspect pédagogique de sa mission en rompant avec le coté « expositions classiques ». Pari gagné. Dès l’entrée, un écran hémisphérique nous plonge dans le milieu marin avec un film qui laisse entrevoir toutes les thématiques abordées. 

Les visiteurs embarquent pour un parcours thématique en sept escales où les peintures du XVIIIème siècle partagent l’espace avec des écrans, tablettes tactiles et même un simulateur de vol Rafale. Pièce maîtresse de la scénographie : La vague, un dispositif haut de dix mètres plaçant le visiteur au creux d’une vague animée sur laquelle flotte un canot de sauvetage.

Pour sa réouverture, le musée a misé sur l'accessibilité. Crédits : musée national de la Marine

" Nous sommes à la fois un musée d’art, d’histoire et de techniques"

Rassembler tous les publics dans un même bateau

Qu’elle soit militaire, commerciale, liée au loisir ou au sport, la conquête des océans rime avec influence culturelle, pouvoir économique et même impact écologique. Et le musée national de la Marine ne manque pas de mettre le doigt dessus. 

À travers des œuvres aussi marquantes que diverses, le visiteur explore comment la mer impacte nos sociétés. Dans la section consacrée aux tempêtes et aux naufrages, les peintures de vaisseaux en perdition du peintre du XIXème siècle Théodore Gudin voisinent avec une animation sur la catastrophe écologique des marées noires. 

“Notre force, partage Bérengère Vial chargée de développement des publics au musée national de la Marine, c’est que nous sommes à la fois un musée d’art, d’histoire et de techniques, ce qui permet de facilement faire des liens avec l’actualité”. En invitant le spectateur à faire preuve de curiosité et d’esprit critique, le parcours aborde des enjeux d’hier et d’aujourd’hui comme le commerce triangulaire, le tourisme de masse sur les bateaux de croisières ou la question de la place des femmes dans la marine. 

Le musée a placé l’inclusivité au cœur de son nouveau projet. Proposant des aménagements spécifiques, et notamment des contenus traduits en braille, en langue des signes ou en FALC (facile à lire et à comprendre, une méthode de traduction d’un texte pour qu’il soit accessible du plus grand nombre), la priorité va à l’accessibilité des expositions.

Avec La Bulle, une petite pièce à l’atmosphère douce et rassurante, les visiteurs sont invités à faire une pause au milieu de leur visite. La salle applique les principes de la méthode Snoezelen, une approche néerlandaise de stimulation sensorielle à l’attention des visiteurs atteints de troubles autistiques. Une première du genre dans un musée français.

Des nocturnes pour les moins de 26 ans

Repenser l’usage d’un musée, c’est aussi se poser la question de ce qu’on y fait. “Au-delà des expositions permanentes et temporaires, le musée est un lieu de vie et d’échanges”, explique Bérengère Vial. Une masterclass “En solitaire autour du monde” sur la course au large pour les navigateurs expérimentés, ou une visite contée “À l’abordage !” pour les jeunes mousses. Miser, encore et toujours sur la diversité des publics. 

Et la tranche d’âge des jeunes adultes n’est pas en reste. Pour séduire les étudiants et jeunes actifs, le musée national de la Marine organise plusieurs fois par an La contre-soirée : une nocturne gratuite pour les moins de 26 ans, des conférences, des performances, des projections et des ateliers, permettent de redécouvrir les collections du musée sous le prisme d’une question d’actualité.

Autre bon plan pour les amateurs de télétravail, un confortable salon offrant thé et café est mis à disposition des adhérents du musée (l’adhésion annuelle pour les moins de 30 ans est à 34 €). 

Jusqu’au 2 mars prochain, les visiteurs pourront aussi découvrir “En solitaire autour du monde”. L’exposition dédiée à la course solitaire du Vendée Globe propose de se mettre dans la peau d’un skipper à l’assaut des océans. Elle laissera sa place, en mai prochain, aux préparatifs d’une double exposition de photos : “la pêche au-delà des clichés, inédits de la collection” et du photographe “Jean Gaumy et la mer”. De quoi nous mettre l’eau à la bouche.

Martin Ferron

En partenariat avec le musée national de la Marine

La Perle

Exposition « En solitaire autour du monde »
Du 16 octobre 2024 au 02 mars 2025

Musée national de la Marine
17 place du Trocadéro 75016 Paris

www.musee-marine.fr
Instagram : @museemarine